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Les Chants

9 janvier 2008

df

Quasi-automatique; transitoire, pour jouer avec les mots.

Daphnis et Ophélia accoudés à une table. Pas d'autres décors, car inutiles.
  Ophélia. Vivre dans l'oubli, disait-elle. Et elle le répétait, pour s'en souvenir, et le criait. L'oubli absolu, l'effacement de tout remord, de tout passé, fait fi à son évolution, se découvrir, ré-apprendre. Daphnis. Il dit que cela est absurde, comme ceci ou cela, car renaitre, ou plutôt naitre. Naitre, ne fut-ce pas la condition de notre peine? Il n'y a pas d'appel. La condition, l'execution de la peine. Pourquoi recommencer à chaque fois? Oublier, aussi violent que d'avancer à reculons, que de buter chaque jour. Sans lyrisme. Il y a un bruit de succion dans mes veines. Peut-être mon coeur garde-t'il mon sang? Peut-être qu'une bataille fait rage. Je m'éloigne. Oublier chaque jour le précédent, c'est prendre à perpétuité.
Ophélia acquiesa.
Daphnis s'empara. Il faudrait vivre dans le cri sourd, le cri sans bruit. Voir l'autre, un autre, un proche, qu'importe sa constitution, et crier, crier à vie. L'écriture. Si un bruit s'échappe, le causalité peut sortir sans qu'on le veuille. Et alors c'est crevable.
Vivre dans l'oubli, l'anthithèse lyrique de l'exaspération.
Daphnis soufle coupé boit.
Oui, exaspération. Mieux vaut-il rire, cela est commun. Mais ça n'a pas forcement lieu. Vivre dans l'oubli. Non! Accepter sa condition de saltimbanque. Avez-vous vu guignol jouer? Il joue, rit, agresse, a peur, puis le spectacle est fini, on le range dans la malette, et il n'a plus rien. Et le gendarme, dans le même cas, n'est plus rien, sans avoir. Il faut mimer ce que c'est. Les bouffoneries tragiques, rire et cracher sur ce quoi on rit. Rire et vomir sur ceux avec lesquels on rit. Aristote. ABCD. Bref. Voilà l'oubli sous une autre forme. Le revoilà, l'oubli de soi.
Ce n'est pas vivre dans l'oubli, mais avec l'oubli, celui des valeurs, de tout le reste. Une question de sémantique.
Ophélia riant gloussant.
Daphnis tape le poing accessoire table.
Oui! Voilà la vérité de mon marasme ironique! Porter des coups, décocher des flèches, danser, spasmer sous le pluie, en overdose, la plus belle des représentations.

Se lève spectacle applaudit.
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19 novembre 2007
A l'...

A l'abandon, bandon, bandon.
A l'abandon, bandon, bandon.
Posté par Masterscools à 17:41 - Général - Commentaire(s) over-constructif(s) [3] - Rétroliens [0] - Permalien [#]
13 octobre 2007
Djaub.

Djaub est au chevet de son fils, atteint d'un mal étrange que le guérisseur n'a pu diagnostiquer. Quand  avait appelé le guérisseur, il avait accouru, car les symptômes étaient rares et excitaient sa curiosité; des brûlures apparaissaient sans cesse sur le corps entier du pauvre enfant, en partant de la plante des pieds, et s'arrêtant à la hauteur du bassin. Mais le guérisseur ne sut appliquer ici sa science lacunaire, et s'en fut donc, l'air indigné, puisque incompétent.
Djaub était chrétien, chrétien depuis les premiers jours de sa longue vie, car il avait été baptisé à l'âge de 7 jours, et absout de la sorte par prévention, car il serait homme. Jamais il ne s'était écarté des préceptes enseignés par les Saintes Écritures, et jamais sa foi n'avait failli. Il ne se considérait toute fois pas comme le meilleur des chrétiens, car il l'était, et que la vanité est proscrite.
Sa tendre épouse, Mardleine, avait succombée des suites d'une longue maladie nerveuse. Elle avait été prise d'une forme rare du Haut-Mal: les Hurlements. C'était une Hurleuse. Elle s'effondrait donc sur le sol, mettait ses habits en lambeaux, tout en blasphémant les mots sacrées, plus avec le ton qu'avec les termes, puisqu'elle n'en connaissait pas qui furent répréhensible à une bonne mère chrétienne. Ce mal avait accablé la famille durant sept semaines, avant que, aveuglé par une forte crise, la pauvre femme ne décide de mettre fin à ses jours.  Djaub eut beau plaider auprès du prêtre que sa femme parlait le latin Biblique, l'ayant appris de là à force de le lire, qu'elle avait, quarante-sept années durant, observée les lois chrétiennes, et qu'elle s'était toujours soumise à la volonté du Dieu, le prêtre considéra froidement le malheureux, et lui répondit que sa femme s'était suicidé, comble des outrages offusquant Dieu l'inoffusquable, et qu'une église aussi Immaculée que la leur ne pouvait ignorer un commandement de St-Augustin. Mardleine eut donc la tête séparée du corps, et fut enterrée sous un gros tas de cailloux, sans autre forme de procès. Le prêtre concéda néanmoins à jeter la première pierre sur le cadavre de la défunte.
Cela n'ébranla pas la foi de , car si Dieu le voulait ainsi, c'est que cela était juste.
****
Plongé dans la pénombre de la chambre du souffrant, il priait le Seigneur, usant autant de chapelets que sa profession de berger le lui permettait. Cela devenait de plus en plus dur de payer les chapelets et les antidotes que le guérisseur prescrivait car son revenu était minime. En effet, son troupeau avait été décimé par une épidémie nouvelle venant apparemment d'un arbre non loin du champ de pâture des bêtes. Arbre facilement reconnaissable, puisque ses branches supérieures formaient un calice, duquel tombait ce pollen meurtrier. Mais  refusa que laisser couper l'arbre, car si Dieu le voulait ainsi, fiat justicia. Heureusement, les antidotes étaient inutiles au malade. De fait, le médecin les ordonnait dans l'unique but de masquer son ignorance, et quand les remords l'accablait, il se répétait intérieurement: "Je ne suis pas venu pour les forts, mais pour les faibles. Je ne suis pas venu pour les vertueux, mais pour les pêcheurs". Sachant qu'il était pêcheur, le Christ venait pour lui, et il s'endormait paisiblement.
Djaub ne savait pas ce charlatanisme, comme il ne connaissait d'ailleurs rien d'autre que la Bible, car la connaissance est un défi à Dieu, comme le fut la tour de Babel, car Dieu le veut.
Djaub faisait donc glisser, au chevet de son fils, les perles de bois de son chapelet de sa main droite, pas trop vite tout de même pour ne pas l'user prématurément, tandis qu'il lissait sagement sa barbe de la main gauche.
Mais son fils mourut sept jours après, et loué soit Dieu le rappelant auprès de lui.
****

Sa fille, enfin, que Dieu avait laissé aux côtés de son père aimant, fut touchée par la peste. Maladie qui, pourtant, avait disparu à l'époque. Elle supplia son père de ne point la révéler, et de la garder dans le secret jusqu'à la fin mortelle de son supplice.  Djaub, le front éclairé par l'amour paternel accepta, et la cacha dans l'ancienne chambre de sa défunte épouse.
Ainsi sa fille vécu sept jours auprès de son père, dans l'union la plus pure, puisque rompue uniquement par l'Amour de Dieu. Mais, le septième jour - nous étions un dimanche -,  alla prier à la messe pour ses Frères Pêcheurs, puis il passa au confessionnal, et chuchota à l'oreille du délégué Seigneurial derrière le grillage que sa fille était pestiférée. Le Dieu en soutane sembla d'un coup s'intéresser aux malheurs de ses fils fait à son image, mais qu'il comprend pourtant bien peu, et quémanda quelques précisions.  les donna, sorti de l'église, et alla acheter du sucre, car il n'en avait plus, avant de rentrer chez lui.
Stupéfaction! Sa fille avait été enlevé par le village pour être brûlée sur la place Hispanique, car l'émissaire du Christ, dans sa terrible bonté, avait répété, alarmé, la nouvelle aux villageois qui, alarmés à leur tour, s'étaient précipités enlever la pestiférée, alarmée elle-même d'avoir été découverte.
A la grâce du Sauveur,  arriva à temps, car bien que sa fille fut sanglée au bûcher, et que la paille ait été disposé à ses pieds, cette dernière n'avait pas encore été incendiée.
La fille hurla à son père, jurant par l'amour de Dieu, -ce qui saisi l'assemblée et la conforta dans l'idée que les pestiférés ne peuvent être que des hérétiques croulant sous le glaive divin-, de venir la libérer. Mais le prêtre s'interposa, rappelant à Djaub que telle était la volonté du Seigneur, et que pas un seul de ses cheveux ne tombait sans elle. Djaub contempla donc l'immolation par le feu de sa fille, plein des sentiments pieux du martyre. Une seule chose brusqua le doux crépitement des flammes; le cri, articulé d'une voix stridente, de: "Mon père! Pourquoi m'as-tu abandonné?".  Djaub ignora l'interrogation de sa fille, et la foule ricana de la naïveté de l'enfant qui, sacrifié, ne sait même pas être bienséant.
Djaub rentra chez lui, paisible d'avoir perdu tout ce qu'un homme peut posséder, par la Volonté de Dieu. Il s'enorgueilli, seul, d'avoir si bien souffert et, se rappelant que chacun devait porter sa croix, il jalousa ceux qui perdent jusqu'à ce qu'ils n'ont pas. Et ce prêtre n'était-il pas plus près de Dieu que lui? Mais il se calma, se rappela avec délectation ses malheurs, aima le portait de la Vierge Marie accroché au dessus de sa tête de lit, puis se coucha, exténué.
****
Il vécu de la sorte durant soixante-sept années, tendant l'autre jour à chaque gifle, et pardonnant soixante-dix-sept fois sept fois à l'offenseur. Ses efforts furent récompensés, puisqu'il ne sut jamais que Dieu n'existait pas, car Dieu fait bien les choses; s'il s'oppose à une vie de joie, il a au moins la pitié de ne pas dévoiler sa non-existence.
Mais  Djaub, nonobstant le néant pre et post-mortel dans lequel il se trouvait, là où se mêlent les quintessences de l'humanité, de son futur et les essences usées par une vie de futilité, eut le loisir de mener cette réflexion impossible. A savoir; pourquoi avoir enduré, et pourquoi d'autres ont enduré, tant de supplices, convaincu de quelque chose qui est absent les guide? Pourquoi utilise-t'il ce bétonnage de l'esprit, cette crucifixion de l'esprit critique, et de la nature de l'homme, qu'est la Foi? Pourquoi la Bombe H, inexistante à l'époque mais c'est mon histoire alors je fais ce que je veux, n'est pas considérée comme moins nocive que le contrôle des masses par leur ignorance? N'est-il pas atroce de considéré l'humanité, durant deux milles ans, aveuglé par des paris stupides?
Non, se répondit  Djaub, en coeur avec les autres essences, non, cela n'est pas stupide. Faut-il mourir un jour? Oui. Eh pourtant, l'homme ne doit-il pas se cacher la fin du chemin? dixit le philosophe grec. Si, il doit se le cacher, et pour se faire, il place les obstacles qu'il peut, Foi, Immortalité, Scepticisme, Dépravation, Anéantissement, tout est bon.
Alors Djaub compris que son parcours était juste, et que le philosophe immoraliste disait faux, Dieu n'est pas mort, et ils ne l'ont pas tué. Non, Dieu est capable de bien comme de mal, à travers les hommes. Dieu est le vin du poète: Il amplifie le caractère humain: l'homme vertueux deviens auguste, et le sournois deviens perfide.
Et ainsi le martyr de lui-même se signa-t-il spirituellement à son encontre, et, découvrant ainsi l'Homme, il dit:
"Cela ne peut-être que Juste, car ainsi Nous le voulons, et Nos Voies sont impénétrables"
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14 septembre 2007
O.

Qu'il... qu'il crève! Qu'il crève, lui et ses mangeuses d'oranges fardées. Non, non. Je m'exprime mal.
Imaginez, imaginez bien.
Imaginez une dame, brune, bien en chair, dans un bal classique, assise sur un banc, se délectant des plaisirs de la conversation avec un jeune homme à perruque, fardé, la taille fine. Imaginez-la, moulée dans son corset, riant aux éclats, exhibant ses trente-deux dents, dont deux gatées, au fond. Imaginez-la mangeant des oranges, quart par quart. Un orange juteuse, mûre, qui sucre ses doigts, et le quart broyé dans sa bouche bestiale, et le jus coulant de la comissure des lèvres jusqu'au menton.
Les agrumes, écrasés, éclatant sous les molaires, et le nectar amer, ou doux, ou apre, glissant dans sa gorge, au risque de la faire tousser. Si elle toussait elle serait perdue. Ne pas tousser. Rire. Et sa langue, au milieu de ce torrent de jus, au milieu de tout ce liquide, se débat, tapote contre le palais, s'écrase contre les dents, organise le tout. Le quart entre les dents et la joue, et serrer la joue aux dents, et ça emprisonne. Et sa langue est saturée de goût, la salive et l'orange se mêlent.
Ses dents, ses dents sont luisantes d'orangeade, et, entre deux lèvres à peine écloses, rouges sang, rouges cerise, entre ces deux lèvres, des accrocs sont percevable. Et ça se trémousse, et ça brille de l'oeil noir, un oeil roulant, un oeil électrifié, completement dansant, et l'autre qui le suit. Son éclat de voix est étouffé par la musique, et par les danseurs noirs de ses yeux blancs. Et le jeune homme, en souliers, cambré, dévoile encore des traits d'esprit.
Mais elle.
Elle, sa chair livide, sa chair tendre, molle, flasque. Sa chair, son trop-plein de chair. De la farine, c'est une pate. C'est une pate recouverte de craie, de farine. Et elle rit, elle ne fait qu'expirer, elle ne fait rien qu'expirer. Jamais une inspiration. Ca exhale la nectarine, ou l'orange, pas le zeste, mais le coeur, le coeur écoeurant, encore palpitant du fruit, elle l'avale comme on avale une limace, de la chair. Et le quart, pressé, torché, exsangue, coule, sombre dans son estomac, au milieu d'acides gastriques.
Et elle riant, riant d'un bon mot, parfumée à la mort, parfumée pour le bal entier, parfumée à l'orange.
C'est l'absolution. Mais le carnage du fruit, de ce coeur frais, ne fait que présage.
L'autre, aux cheveux crêpus, aux traits salis, à la bouche sèche, à la langue coupée. Lui, le borgne, lui, qui n'a plus son oeil droit, qui n'a que le gauche pour se rendre compte. Lui écoute le bruit retenu de la musique du bal, honteuse. Etre convié, ne pas y aller. Même pas. Lui attend.
Il faut se laisser pousser les dents, ne pas les limer, les laisser jusqu'à ce qu'elles touchent vos cils. Il faut la mordre, à pleine bouche, à pleine dent, goutant son hémoglobine plus sucrée que l'orange. Et sentir ses soubresauts, ses spasmes d'agonie, de douleur. Et la dévorer, simplement, et bruler ce qui reviendra d'elle. Rien ne doit rester d'elle. Imaginez-la, mangeant des quarts d'orange, exaltée, fière, riant. Riant d'un bon mot.
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17 août 2007
Lologue v2

A chier. Faut regarder la quantité, pas la qualité. A retravailler. Je le travaillerai, quand ça sera bon, pour que ça soit meilleur.
Ca n'devrait pas être trop dur, cela dit.

[Fugue outrepassant les mots et les océans...]

Daphnis, chargé d'or et de glorieuses vertus,
Affublé de sa chevelure argentée,
Se décida à fuir comme il avait vécu;
En héros, que la gloire même reconnaît.

Il attendit qu'Ophélia se soit couchée,
Pour embrasser ses célestes et divins traits,
Dont la vraie régularité et la finesse,
Lui donnaient cette altière froideur des déesses.

Une fois que sa moitié eut rejoins Morphée,
Et qu'elle gisait là, heureuse, dans le satin
Comme une belle montagne d'amour nacrée,
Il se décida à accomplir ses desseins.

Daphnis jamais n'avait éprouvé les besoins
Du corps. Jamais il ne buvait à Ophélia.
Jamais il ne but avec grand plaisir du vin,
Sa maxime était: "Qui s'abstiendra vivra"

Il semblait à un phare en pleine tempête,
Qui malgré les ouragans et les violences
des passions et des plaisirs divers de la fête
Reste aussi impassible que quand il pense

Parfois, mais bien peu souvent, il s'adonnait
A une poésie verbale et illogique,
Qui, malgré sa face de roc, lui permettait,
D'exalter son côté roi et prince magique;

"La famine, imagine, invente, se figure.
Et
Je tissais ma toile en regardant les évents
Je tissais le vent en regardant les étoiles."

Alors qu'Ophélia, elle, pâle comme un lys,
Ne connaissait du grand et épique Ulysse
Rien que le nom interjectif de son auteur,
Et le culte que lui portait son Empereur.
******
Il ouvrit la fenêtre sur l'hiver sévère.
Jeta gloire, richesses, mérites et couronnes,
S'engouffrant dans l'aventure crépusculaire,
Qu'avait à lui offrir cette nouvelle aire.

Il refusa tout besoin de nutrition,
Pareil au nouveau-né refusant la mamelle
Par unique désir d'insubordination,
Jouissant, ainsi heureux, des plaisirs rebels.

Il refusa de se vêtir de la nature.
En reniant même ses frères et ses pairs,
Il s'affranchit absolument du Guet-Apens
Qu'avait tendu la richesse de ses parents.

Il marche sur des sentiers des jours durant,
Se fabriquant de ses propres plaies des bandages.
Et quand le souvenir d'Ophélia le surprend,
Il se tourne vers le ciel et crie sa rage.

A la sinistre voie lactée indifférente,
Et à ce Dieu bien trop occupé à jouer,
Avec l'exaltation des hommes qu'il hante,
S'amusant encor et encor à les damner.

Daphnis,
Misérable misanthrope et détesté,
De tout ses braves et graves contemporains,
Qui ne voyaient en lui qu'un vieillard édenté,
Ayant la flemme même de manger du pain.

Daphnis était plus que ça.

Sa langue s'est asséchée il y a longtemps,
Remplacée par un serpent aux yeux vif-argent
Qui jaillit à chacun des rires édentés
Pour ôter la vie au passant infortuné.

Son nez est devenu une cruelle lame;
Acérée comme un sombre et terrible rasoir;
Affûtée par des milliers d'acides larmes,
Pointue comme un édifiant rêve illusoire.

Ses dents sont des crocs aux dentines de cristal;
Instruments des tourments subits dans la Géhenne;
Résonnant le propre requiem de la Haine
Qui sonne encor dans les rares nuits sans étoiles.

Ses yeux ne sont que des émeraudes de pierres,
Qui rentrent et sortent sans cesse de leur logis,
Au rythme intenable des jours étant trop clairs
Transportant un éclat qui tout le temps luit.

Le vent jalouse la grâce de ses doux pas.
L'océan est condamné à envier son calme
Et les deux s'associent pour savoir qui verra
Une faille dans une telle beauté d'âme.

Où il va son éclat injurie le soleil;
Son profond mystérieux assombrit les merveilles,
Son beau chant désacralise le Jardin d'Eden,
Et sa chasteté ridiculise l'hymen

********
Dieu inquiété d'une création exaltée
Cessa, un temps, de jouer avec ses poupées,
Et cueillit des éclairs pour la foudroyer,
Pour redevenir le tyran incontesté.

Mais bien que tous les éclairs touchèrent Daphnis,
Celui-ci les essuya d'un simple rire.
Bravant les vals, les montagnes, les galaxies,
Il put enfin parvenir au divin empire.

Affranchit de tout dogme et religion,
Il baisa simplement le crâne de son frère,
Le céleste que les faibles appellent "Mon père".
Et désacralisa, tel, ce simple avorton.

Qui s'incarna en un prophète crucifié,
S'amusant à bien diviser l'humanité,
Et à déchirer le ciel comme un gamin,
Qui déchire un torchon de sa propre main.
*******
Le déshérité, Daphnis, mendiant mais repu,
Regarde avec grande curiosité le ciel
Qui délivré de cet ignoble individu
Semble être une belle orgie; un divin bordel.

Les anges, étonnés par la perversité
du Maître, se débauchent d'une triste façon;
Crucifiant leurs partenaires de satiété
Au moyen de croix en or, et de clous en plomb.
********

Daphnis, plus libre que libre; sans Dieu ni Quota XXXXXXXXXXX
Se laisse mourir de faim, en silence et gaiement,
N'éprouvant nul besoin de vivre sans combat;
La girouette indiquant le chemin au vent.

II/

Mais le doux crépuscule d'un matin d'été,
Allié au soleil rougeoyant du jour fini,
Le firent bientôt sortir de sa létargie,
Et il pût admirer le monde se coucher

Comment? Quoi? Il avait voulu quitter la vie?
Avant même d'avoir pêché! Notre Daphnis?
... Incrédule de sa propre stupidité
Il se mit à chercher un combat à mener.

********
Il traversa la monde entier à pieds,
Ou accompagné de son fidéle destrier
Alpha, la monture bleue des litanies Grecques
Ayant servi César et diffamé Sénèque

Daphnis vit avec stupeur que tout était beau
Sain et fort. Que tout était resplendissant
Lumineux, doré. Que tout était diamant,
Argent et nacré. Que tout était brasero.

Sur toutes les affiches hurlait "Vérité":
"Je suis là et uniquement là; écoutez!
Soyez riche, charismatique, et parfumé!
Et moi, je vous garantie que plus que tout vous brillerez"

Chaque fleur, chaque herbe au tréfond de la campagne,
Etait analysé par l'oeil scientifique;
"Quoi? Vous ne le saviez pas? L'amour est chimique!"
"Quoi? Vous ne saviez pas? L'amitié est un bagne!"

L'Empereur fugueur était même ébloui;
Il ne voyait pas, et il ne voyait rien
Que la rigueur qui vous mord comme un chien,
Si vous n'acceptez pas que tout soit défini.

Mais un jour, par une soirée violée de printemps
Daphnis put remarquer avec étonnement
Une ruelle dans laquelle reignait le sombre
Où le soleil même se confondait avec l'ombre.

Curieux de voir enfin une once d'inconnue,
Il s'en approcha et dégaina son épée.
Puis avança dans l'obscurité goulue,
Dardant à tout instant, prêt à se relever.

Cette marche dura longtemps; une nuit,
Puis une autres, et puis une autre;
L'astre solair était dédaigné ici,
    Mais Daphnis avançait

Sa quête aboutie enfin; il vit au loin
Une lumière bleuâtre, et deux bestiaux,
Habillés avec des carcasses d'animaux...
... Il pût leur parler une fois qu'il les eût rejoint.

Mais il choisit de les contempler tout d'abord;
Il y avait une petite fille blonde,
Aux traits tirés par le charbon et par la mort,
Dont les sales cheveux gras formait une onde,

Qui descendait le long de ses épaules nues,
Grises par la poussière des années disparues,
Ses grands yeux étaient larmoyants et suppliants,
Son visage avait la naïveté des enfants.

La lumière du feu de détritus allumé
par les gamins. Cette même lumière bleu
Tombait avant d'éclairer cette pauvre gueux.
Son corps restait donc plongé dans l'obscurité.

Cette fille semblait si bien dépossedée
Qu'il semblait que son corps ne lui appartenait.
Et que sa tristesse était tout juste un prêt.
Ô Petite fille, pourquoi t'es-tu cachée?

Mais son compagnon était aussi intriguant,
Il ne cessait de gémir en échaffaudant
Des milliers de plans pour le Bien universel!
Pour la Justice! L'Equité sempiternel!

Son visage exalté rayonnait tout d'un coup!
Il se dressait sur son séant! Heureux et fou!
Puis il se figeait, la pupille dilatée.
Et son visage s'affaissait, il tombait, pleurait...

Il s'était entrevu, lui, redresseur de torts!
Lui! Donnant à l'humanité un autre sort!
Mais son incapacité retombait sur lui;
Il se morfondait au milieu de son ennui.

"Ô Jeunes et frêles êtres, qui êtes-vous?
Et à cause de quel crime vous cachez-vous?"

"Sachez, monsieur; Nous ne nous sommes pas cachés
Nous sommes juste au ban de l'Humanité

Nos fils humains ne veulent plus de nous du tout;
Leurs dogmes, leurs philosophies et religions
Les suffisent bien; ils aiment être des pions,
Et la brave douleur est proscrit par les coups.

Nos fils comprendront-ils, un jour, que le savoir
Ne réside pas dans de simples équations?
Mais qu'il est dans le fait prodigieux de croire;
Les sensations ne sont pas des démolitions!"

Bouleversé, Daphnis écouta ces enfants,
Puis il les protégea de l'ombre de l'exil
"Tous méritent une présence", croyait-il.
Et ainsi l'échappèrent l'Espoir, le Dénuement.

III/

L'Espoir s'en fut chez les plus défavorisés,
Le dénuement s'en alla chez ceux espérant.
Ce furent des tortionnaires élaborés,
Fécondant les hommes en leurs tourments savant.

Les braves captifs mourraient sur leurs manuscrits,
Dans le but secret de déranger les cimes,
De bouleverser les torts, les fautes, la vie!
Pour sûr, tous croyaient en ce but sublime.
*****

L'Ophélia divine s'ulcéra à la vue
Des hommes vivant avec exalation,
Ne craignant plus même leurs punitions,
Heureux de se savoir mourir, fier et têtus.

Ah! Quel crime avait commis son bel époux!
Les hommes adulaient la misère de leur sort!
... Il fallait les priver de cette joie des fous,
Et les ramener à la constance, encor!

Ophélia tenta donc de ternir l'Espoir,
Donnant à tous; bourgeois, modestes, et mendiants.
Elle détruisit par la même le Dénuement:
Tout le monde avait tout; plus de raison de croire.

Quelle satisfaction éprouva Ophélia!
A la vue de ce monde couvert de lilas,
De belles roses parfumés! De nouveaux-nés!
Tous vivant dans une neurasthénie innée...

Quelle sotte! Ne voyait-elle pas Daphnis
Intimant à Vulcain de lui limer les ongles?
Quelle rage ne prit-il pas quand il la vit!
Il la maudit pour ses pairs, frères, et oncles!

Mais les malédictions comptaient pour bien peu,
Dans ce monde maintenant dénué de dieux,
Et il se dût donc de descendre sur la terre,
Pour aliéner son épouse; cette chimère.

Il reprit tous les biens de l'Humanités
La poussant à nouveau dans la mendicité.
La forçant à l'obséquieuse métaphysique,
Et au grand nombre des questions philosophique.

Il submergea quelques villages et cités,
Puis il alla converser avec son Hyménée:
"Ô ma belle! Ô ma bien douce; Pourquoi?
Pourquoi avez-vous confisqué tous ses émois,

A la pauvre fin humaine, à l'existence?
Oh! Mais regardez-les quémander leur pitence!
J'ai repris tout ce que vous aviez donné;
L'Espoir et le Dénuement vont bien perpetués!"

"Oh! Sot! Sombre idiot! Larve grandiloquente!
Va brûler dans les septième cercle de Dante!
Tu pars sans prévenir et reviens à ta guise,
Eh! Tu ne vois pas comme je suis conquise?

Regarde ces hommes qui érigent des Temples,
A ma beauté! A ma bonté! A ma grandeur!
Vois; il suffit que je lève le majeur,
Pour que tous les continents et océans tremblent.

Qui es-tu, toi, avec tes cheveux argentés,
Pour venir te dresser, au lieu de te prostrer,
Devant l'exquise princesse des monts, des eaux?
Réponds-moi donc Ô misérable vermisseau."

Daphnis, qui avant écouté avec patience,
Toute cette haine, toute sa véhémence,
Répondit avec simplicité: "Je suis humble
Comme devant une brochet féroce l'est l'omble".

Le souffle qu'exhala sa bouche pour ces mots-là,
Couvrit tout le globe de nuages épais,
Que bien souvent la foudre venait zébrer.
Ce qui était majestueux se dissémina.

Le brasier recouvrit le terre de ses cendres,
Se revulsant comme une femme sous les draps,
Criant, conjugant à tous les temps le verbe Prendre;
Le monde n'était qu'une enfant dans ses bras.

Une enfant chatiée pour ses divers péchés,
Qui se débat, s'écrie, demande la pitié.
Mais l'Empereur la regarde lutter en vain,
Invoquant les dieux, les majestés, le destin.

Puis tout se calma traquillement et le monde,
Compris qu'il connût son premier spasme immonde,
Ne doutant pas que bientôt il perdrait les eaux,
Il réprima avec peine un dur sanglot

Oh! Que pouvais avoir le monde en son sein?
Qu'avait-il couvé depuis une éternité?
Qui avait pris la liberté de l'enfanter?
Etait-ce Daphnis qui avait forcé ses reins?

Qu'importe;
Chaque Temple, chaque idole d'Ophélia,
L'Hyménée même fut transformée en carton.
Il fut absolument interdit que l'on pria
Ce carton dont Daphnis construisit sa maison.

Ainsi fut exhilé la sublime grandeur,
Comme toute les raisons étrangères au coeur.
Et tout cela était controlé par Daphnis,
Du haut de sa maison ne tenant pas la pluie.

IV/

Quand il pleuvait Daphis sortait sur le chemin,
Et dans l'espoir d'une pièce tendait la main.
Il murmurait parfois au passant: "Regardez!
Regardez cette tour d'ivoire et d'or nacré!

Vous la voyez? Bien j'y étais! J'étais le Roi!"
Voici à coup sûr les paroles du passant:
"Divague l'ami, le Roi ne meurt pas de froid;
C'est un bourreau! Un donneur! Pas un mendiant".

Il ne se doutait pas que derrière ce vieillard,
Etait Celui qui donne la vie par charité,
Et qui peut la retirer au moindre méfait,
L'Un qui chatie le beau mais exhorte les tares.

Le Roi des Rois n'étais pas l'antéchrist ultime,
Le charlant, repère du Dernier Jugement.
Non; lui annonçait son propre avénement,
Celui qui sauvera l'Homme de son abime.

Mais cette Perfection Homme n'y pensait guère.
Il suffisait, quand sa vie devenait trop précaire,
Qu'il battit des mains, applaudissant son martyr
Et qu'il rit fort pour que s'enduise de myrrhe.

Etant alcoolisé, saoul, boueux et crotté,
Il allait se réfugier dans son taudis,
Carressant Ophélia sur le carton trempé,
Mais ne songeant à elle; c'était interdit.

*****

L'Homme construisait ses maisons rapidement,
Il composait des vers rimant facilement,
Et son oeuvre entière était estropié,
Par les lourdes facilités qu'il s'accordait.

Tout était tiède, tout était bien trop mièvre,
"Galvaniser" était sur le bord du chemin,
Nul ne se souvenait de ce qu'était la fièvre,
Etaient oubliés les crimes, Oedipe et Caïn.

Le Monde, fécondé, prit sa grave parole,
La faisant parvenur aux hommes par Eole,
Il leut dit:
              "Vous-vous ces martyrs poussiéreux?
Voyez-vous ces anciens idéaux caverneux?

Vous êtiez capable de donner votre vie,
Pour une offense, pour un non, pour un oui.
Vous vous délectiez du sang de vos ennemis,
Et ceux que vous chassiez étaient nommés "Bannis".

Votre rétine se gonflait aux incendies,
Vous brûliez, vous piliez, allant de mal en pis.
Brûlant mon herbe, mes Villes, mes Cités.
Vous êtiez de fous sangliers ensanglantés.

Aujourd'hui, voyez, regardez autour de vous,
Votre pierre est spongieuse, votre fer est mou,
Et l'adage gravé sur vos temples aux Muses,
Est: "La médiocrité même a ses excuses".

Vous êtiez les contemporains de Roland,
Qui noble, brave, lumineux et mériant,
Préfera la mort au cor et à sa faiblesse,
Au signalement sonore de sa détresse.

Ne vous empourprez-vous pas donc devant la tombe
De ces soldats féroces tombés au combat,
Pleurant de sèches larmes dans les catacombes
Sur tout ce que l'Homme a pu tomber bien bas:

Il se complait dans sa fortuite nullité,
Et les altesses de ce monde bien creux,
Auraient, avant, été nommé simplement "Gueux"
Puisqu'il ne suffit pas d'être héritier,

Pour être nommé "Grand Héros" par l'Histoire.
"Oui" disent les sous-fiffres, "Non" dit la mémoire,
Nous ne garderons pas en nos seins ces cafards,
Ce gens que la mort cueille toujours trop tard.

Hommes! Prenez compte de votre condition!
La tornade qui dévaste n'est que Daphnis!
Le suicide qui vous guette, c'est encore lui!
Il ne vous laissera jamais à l'abandon.

Vous pouvez le voir partout, lui le néant,
Qui marche avec ses lourdes bottes sur vos vies,
Sur leurs chemins, sur leurs désirs, sur leurs envies,
De son air joyeux d'adulte resté enfant.

Il vous façonne pour vos contradiction!
Exploitez-les! Ampliphier-les! Et vivez-en!
La Causalité est la Mort de notre temps,
Et la source terrible de vos négations!"

...
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14 août 2007
Le souffle.

Aucune vocation littéraire.

Il joue avec un petit bateau à voiles, télécommandé. Le fin de l'été se prépare à resserrer les mâchoires sur les écoliers indolents, tandis que la journée ferme boutique, langoureusement. Le soleil ne renâcle pas à l'idée de descendre son échelle, et la lumière décroit paisiblement.
Il est vieux, sûrement. A la retraite, sans doute.  Le bateau, forcé par le vent, guidé par lui, revient irrémédiablement au bord du lac, malgré les manoeuvres maintes fois répétées du vieux.
Le vieux a des lunettes rondes, larges mais fines, il doit les porter uniquement pour assumer sa vieillesse, en étendart; elles ne servent pas. T-Shirt blanc, bermuda beige, et la télécommande liée à lui au moyen d'une dragonne au poignet.
Le bateau tapote contre la rive. Le vieux se lève et le prend, et le rejette loin, dans l'eau.
Dans une minute, deux minutes peut-être, le bateau sera de nouveau échoué.
Pour l'instant il peut jouer, il s'adonne avec gourmandise aux mouvements de voiles pour remonter le courant du vent.
Et il fixe de ses yeux blancs son cher et tendre navire.
Ces yeux ont lu des lignes, ces yeux ont travaillé, ont vécu, ont fait l'amour, ont pleuré sur ses mains, contre ses paumes, sur la joue d'un ami, sur le berceau de sa fille, maintenant mariée.
Et le petit bateau se cogne de nouveau contre la rive, et le petit vieux se lève, et il passe devant moi, il ne me voit pas, et moi, moi je le regarde.
J'imagine sa vie, mais ça n'a pas d'importance.
Je ne peux rien savoir de lui.
Il prend le bateau, défait les cordages, et le range dans une malette noire, granulée et plastifiée. Il me voit enfin et me sourit. Son visage est rouge, par le soleil et par le vin.
Il plit son tabouret en toile bleu marine, il prend sa malette, me tourne le dos, et part.
Et moi, je m'approche du lac, et j'y jette une brindille. Elle revient au rivage.
Et le soleil s'est couché.
Et moi, face au lac, je suis seul, et le vent m'échout.
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07 août 2007
Moi, Jean.

Le médecin.
J'ai entendu le médecin venir, avec sa blouse blanche tachée de rouges, soucieux. Il transpirait beaucoup, il suait. Il était blanc lui-même. Il m'a demandé de ce que j'avais et j'ai ris. Ca m'a fait mal à l'estomac. Il s'est approché de mon oreille et m'a dit: "Jean?"... avec une voix suave, sensuelle.
Je suis fiévreux. Mes yeux brulent mes orbites. Mes muscles se contractent seuls.
Je m'engouffre dans le verdict, alors ça me fait peur. Je saisis les tranches du matelas. Je serre de toutes mes forces. J'ai peur de pas. Des spasmes secouent mon corps Et j'avance plus loin, plus profondément. Ca n'a pas de fin. Je serre tout ce que j'ai. Le lit se renverse.
Et plus rien.
[...]
Quand je suis parti en Algérie on avait de belles tranchées, mais pas assez de nourriture. On a tué, on a massacré, ça faisait des protéines. On était payés pour ça. L'argent tuait à notre place, à vrai dire. On n'y était pour rien dans toute cette angoisse de la mort. Les tranchées étaient noires comme du charbon.
Même, au cinéma avant, quand on voyait ces mers humaines. Ces mers tendues, pleines de vagues rigides, avancer inexorablement vers l'Ouest. Même là, c'était en noir et blanc. Comme la Croix, musicale, ou pas, en gamme, ou non, et la basilique St-Pierre.
Quand je suis rentré, quand je suis revenu, rentré, j'étais content. La ferme était là, j'étais presque content, en fait. En rentrant j'ai vu Papa qui tirait la langue, l'air surpris, à quelques centimètres du sol, aidé par un noeud. J'ai du avoir de la peine.
Depuis, les visiteurs, ils partaient avec du plomb dans le derrière, parce qu'il fallait que je sois faché, et qu'un fusil c'est un non-retour.
Puis Maman est tombée malade. Ca allait beaucoup mieux, et elle est morte. Mais on l'aimait trop, alors avec ma soeur on l'a laissée sous l'escalier, parce qu'elle aimait bien le tambour.
[...]
Et maintenant, là, c'est moi. Je vois et comprends tout, pourtant je le cherche encore. J'ai vu un phoenix renaitre de ses cendres, et re-mourir. J'ai du vivre longtemps. Je vois maintenant, j'occulte. Vérité, elle vit pas. Mais vois la je. Et c'est dire. Tout le temps. A toujours. Sans histoire. C'est absurde. Une leçon! Faudra que j'écrive ça. Faudra.
Je cherche au plafond. Partir sans? Et la Bête alors, aux trois cornes d'argent avec son museau de cuir, qui fume par les naseaux, avec sa gueule torturée. Celle de l'Apocalypse. Napoléon? Niet! Goethe! Les prêtres. Et toujours plus de lumière, ne t'en fais pas.
Parfois je vois moins bien, je vois comme j'ai jamais vu.
Le voilà!
Ca serait lui? Ce point noir, sur la poutre?
Une jambe. Absurde. Paradoxe. Il est venu!
Deux jambes. Rimes. Vers. Lyrisme final!
Je suis enfin debout sur le lit, je le détache, lui, le clou. Et je m'écroule par terre. Le sol subit mon pupitre d'écolier, mais avant c'était pas ça. Je grave ma tête, ce qu'il y a dedans, en entier. Ca me prend des siècles. Et je finis. Le clou est rouge. J'ai pas mal.
La Vérité est en noir et blanc, rien d'autre ne peut être juste. Le Noir et le Blanc. Les paix, les guerres, les génocides, les balles, l'information. Pirouette.
C'est blanc, noir.
Plus noir quand même.
Je m'allonge.
Ma soeur vient me mettre des choses dans la bouche. Pour vivre? Plutôt vivre. La vérité, c'est la cime. Je tombe.
Ma tombe? Jeannot le Fou.
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06 août 2007
Jean.

Il est sur son lit.
Le médecin lui susurre: "Jean?"...
Il est sur son lit, la pupille dilatée et sensible. La lumière brûle ses yeux. Allongé, il cherche quelque chose. Quelque chose sur le plafond. Des images fusent, s'entrechoquent dans sa caboche défoncée par la douleur. Il est parfaitement lucide.
Fiévreux, il est plus pâle que ses draps trempés de sa sueur. Ses parents, son père, surtout, toujours sa corde autour du cou, ses pieds a un mètre du plancher, comme un souvenir d'Algérie, sa mère, aussi, prostrée, sous l'escalier, malgré elle. Sa soeur. Le médecin. Tous sont venus lui parler, ou le regarder? Que pouvait-il répondre. Ses mains serrent spasmodiquement la tranche du matelas. Il gémit.
Il voit avec précisions chaque détail.
Tout.
Des images en noir et blanc, comme si c'était la couleur des souvenirs. L'Algérie est un pays en noir et blanc, les balles sont noires et blanches, les pupilles écartelées sont noires et blanches, les tranchés, les décimes, les mutineries, les exécutions, les prisonniers. La Guerre, trois lettres en blanc, les autres en noir, rien que ça.
Ca s'assombrit.
Le noir est la couleur des souvenirs.
Les jours, les nuits passent; il n'en sait rien.
On l'oblige à boire des élixirs qu'il vomit immédiatement. Il voit prêtres, moines, évêches, Papes, dictateurs, boulangers. Tout, tout se tient; la bête de l'Apocalypse a plusieurs visages, ce taureau à trois cornes d'argent tourne autour de lui. Son corps contient trop de pensées acides; il va exploser.
Parfois, sa soeur pleurt à son chevet, elle l'appelle "Cher Jeannot"...
Il ne la voit, il sent juste son fard.
La bouche grande ouverte, il tente bien de prononcer des mots parfois, ou cherche un son, une note, capable de faire comprendre; rien.
Rien, à peine des larmes.
Nuit; il ne voit rien. Il rit, monte sur son lit, se sent jouer, s'imagine, prends un clou, le clou qu'il cherche depuis des siècles, celui qui ressort de la poutre. Il l'arrache et, à quatre pattes, il écrit ses pensées à même le bois du plancher, tout clairement, au mot prêt. "Hitler. Prêtre. Juif. [...] Machine. Cerveau. Machine. Jamais". Nul part être plus clair.
Le clou saigne ses mains.
Il se recouche. On tente parfois de le faire manger, un peu, un tout petit peu. Mais lui, le ventre tordu, contortionné par la faim, jouit de la vérité.
La vérité ne vit pas. Il meurt d'inanition.
Qu'importe; tout compris.
Les autres l'appellent "Jeannot le Fou"
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Dolce Vita

   Excitons nos verbes, nos verves et nos verges. Préparons nos dagues, nos digues et nos dogues. Acérons nous les canines jusqu'à en mutiler la dentine. Frisons la folie, les yeux exorbités, l'écume de rage coulant le long de nos torses velus, hérissés de nos cotes saillantes, ne sachant contenir la virtuosité de nos thoraxs sans cesse mouvants, comme des millions de femmes haletantes sous le plaisir charnel.
Emparons nous, montons au-delà des tribunes, et faisons sombrer le triste public dans une contemplation extatique de nos discours cyniques.
Renversons le terme même d'idée, annihilons toute logique, harpentons, pillons, livrons-nous aux massacres, aux génocides, aux viols. Jouissons sur la face même des nouveaux-nés, mangeons les placentas encore frais de nos derniers fils. Abreuvons nous de liquides amniotiques.
   Et si nous pêchons, Dieu, si nous pêchons, si les méandres de la facilités saisissent nos chevilles comme les saisiraient l'agonisant sur le champs de bataille, si cela se produit, éclaire nous de ta pupille virginale afin de nous écarteler de nouveau dans la complexité ferrailleuse de nos espoirs.
   Que les dogues, les yeux flamboyants d'une colère inexpiable, se mordent au cou les uns les autres. Que les gamins prennent leurs bains au milieu des pavés déchaussés et jouissent d'une rire édenté de la tiédeur du sang à peine coagulé. Que cette horreur vertigineuse leur procure un plaisir céleste, tout juste comparable à celui de la pédophilie.
   Que sous l'effet de la crainte, les muscles du monde se contractent, comme se contracteraient la face d'une mère au fils tué par son frère. Que sous cette crainte terrestre, l'Afrique rejoigne les Amériques, et l'Inde le Yémen.
   Que chaque, chaque croyance, chaque temple, chaque idole, soit blasphémé jusqu'au dernier atome. Que chaque homme, sous la conscience de sa banalité scandaleuse se désagrége en néant. Que les flots purgent les continents, que le monde vomisse seul ses tripes.

   Alors, sous l'apesenteur nulle de ma crucifixion, derrière le masque d'argile que me serai laissé appliqué par les révulsions de la haine, que craquèle l'indifférence d'un monde meilleur, dénué de maëlstrom, comme dénué d'argile, et de craie.

Rengaine; fredaine.

Train_by_Exaltation

Parfait, il n'y a plus de soleil, plus de lune, plus d'étoiles; personne ne me verra.
J'ouvre la porte de ma chambre, délicatement, tirant la langue tout ce que je peux pour lui intimer de faire moins de bruit. Le grincement résonne presque, une note me semble une timbale battue par un troupeau.
Ouverte je la franchis; et j'avance, et je vais dans la cuisine. Je m'y sens déjà étranger, je suis déjà le mal-venu, j'anticipe. Prends un Post-It et écris un mot suintant d'amour, du lait qui déborde de la casserole. Ca pue l'hypocrisie, mais faut bien, c'est mon rôle, et ça servira de réservoir, ça les dispensera des soirées entre coupables, de toute l'angoisse que je cherche, moi.
Mes billets en poche, j'ouvre, passe, et ferme la porte de l'entrée. Ma vie est morte; les souvenirs naissent, les remords, eux, apparaissent. Denué de raison; je me sens exister. Héle un taxi. Gare de Lyon.
Je ne laisse aucun pourboire une fois devant la gare, j'aurais fait pareil une deuxième et une troisième fois, si j'avais pu.
La musique à quatre notes, et l'annonce. Le train échoue au bout de la voie, je composte le billet qui scelle ma décision, et j'y monte.
Presque personne. Une dizaine d'individus, une vingtaine si je compte les autres, ceux qui ne méritent pas même un chiffre. Les coquilles vides d'une vie qui se finira comme elle s'est déroulée; dans le silence, dans l'abnégation de soi. Si un seul mérite de vivre, c'est moi, merde. J'ai tout foutu en l'air, je ne veux pas que ça m'arrive.
Je ne pleurs pas sur l'Inexorable, je ne mouille pas de larme Papa et Maman, je ne couvre pas de glaire la société, non, je vois le gouvernail, je le prends en main, et je sombre moi-même dans l'abysse, sans envie, sans raison, sans but. C'est la liberté, c'est la merde.
Pourquoi partir? Quelle belle vie! La gâcher? Alors que des enzymés, alors que d'autres en jouieraient?
Foutaises.
Arrivé là-bas, je prendrais un boulot dans un boui-boui crasseux, un snack mal famé, avec des porcs mal rasés, puant la Corona à longueur de journée.
C'était subtil. Je marchais dans des pas tracés avant moi, c'était pour moi. La neige ne fondait jamais où je me reposais.
Ni papier, ni crayon, ni plan, rien. Rien d'autre qu'un passport, et une agrapheuse, comme tout le monde veut un Nord, bordel, je me le crée. Et de l'argent. Encore, pas d'argent! Juste de quoi être dans la merde.
Je m'assoupis, en regardant mes pupilles dans les vitres du TGV. Elles s'impriment de manières éphéméres sur chaque paysage, je m'élevais, haut, bien haut, bien haut.

Le train arrêté, je descends. L'air est frais, mes poumons en souffrent, mes yeux piquent, mon nez me démange.
Je vais chialer.
C'est une journée parfaite. Ils ont déjà dû se réveiller; ils ne se rendront compte de mon absence que ce soir, ils verront le Post-It, et peut-être pleureront-ils, peut-être pas. Peut-être qu'ils se rassureront. Il va revenir, j'en suis sûr. C'est vrai.
Ils pensaient ça, mais moi, j'avais des remords, des regrets, de l'angoisse, avec une souffrance quoi. Putain, j'étais quelqu'un. C'était Monsieur Douleur, maintenant. Clochard, futur vieillard merdeux, édenté, imbibé, enfumé, noircit par la grave des mauvaises joies, mais joyeux d'avoir été, d'avoir fait.
Travailler, commencer à zéro, à moins un, partir dans le négatif, plus bas encore. Comme un thermomètre russe, comme un hussard, que ça casse, que le mercure coule, qu'il soit.
Posté par Masterscools à 02:56 - Histoires noires - Commentaires [0] - Rétroliens [0] - Permalien [#]
08 juin 2007
Nouvel opus.

La suite d'Hérostratos, ici => http://euphyblah.canalblog.com/archives/2007/06/07/5221899.html

(CF: Les flammes s'éteignent...)
Posté par Masterscools à 18:25 - Commentaires [0] - Rétroliens [0] - Permalien [#]
Aymayssayne. (Automatique)

Aucun blasphéme, pas même d'offense...

Les fleurs
Me font peur
Leurs timballes dorées
Vont comme s'écarteler
En leur centre, sérieusement
Puis, lagoureusement
En blanc, bleu et rouge
Rouge bleu blanc
Comme les articles définis
Que l'on achète à tous prix

Que l'argent coule le long
Dans les sanglots si longs
Des tranchées ridicules
Entranchées molécules
Des déo bio
A l'aisance de salauds
Attendant que les heures viennent
Et que les amours se souviennent
Aux miradores mirifiques
Mirabeau et mirabelles magiques

Le coucher de soleil, à l'allure des abeilles
Luminosité prolifique, beauté éternelle
Cendre de vie, extinction d'extincteur
Esclandre de peur, Ponction de l'ennui
Esclandre de beurre, Ponction de létargie
Attente de leurre, onction de frénésie
Le leur, c'est une paralysie
C'est leur leurre à l'heure

L'Akro, l'accro, le temps d'un croc
Le dodo fait dodo dans le dos d'un do
Rémi. Il mange les miettes, et sous une faux air d'
homélie, il dorlotte son dauphin dominical
Sous ses faux airs de penseur Pascal
Il gigote tel un agneau Pascal
Le gourou Bignol donne la messe
Truc, machin, et birlafesses.
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07 juin 2007
Les flammes dansent...

Imaged_fin

Les flammes dansent...
  M'y voici; j'y suis enfin. Petits souvenirs, pour faire en sorte. Les larmes coulent, guidées par mes rides de fatigue
Terrassé; je suis terrassé, je l'ai toujours été. A l'âge de cinq ans j'ai vu mon père prolonger son ultime agonie comme un perdu, de quelques semaines, aux prix de décoctions hors de prix. La Faucheuse fît tout de même son ménage; il est mort au Printemps.
Ma mère n'a pu remonter la pente; tout nos biens avaient été bradé pour mon père. Elle alla se prostituer au Temple. Je mangeais au prix du déplaisir de ma génitrice, chaque aliment avait la valeur d'une caresse volée aux mains morte de mon géniteur. Parfois, même, je sentais quelques fils, quelques poils pubiens dans la soupe...
A l'âge de 7 ans, je commençais à travailler, à tirer des chariots, à nourrir des chevaux; les esclaves étaient mieux traités, les chiens aussi, ces cyniques. Je n'avais pas de dieu, mais un maitre peu clément et bien cruel. Il me frappait, me torturait, et refusait de me payer sans l'aide de ma mère. Une horreur à laquelle je ne peux penser rempli toutes ces années.
Les flammes dansent...
A 15 ans, j'eus l'occasion de fonder ma vie, mais ne le put; je devais à ma mère ma présence, dont elle dépendait. Une vie de misère; une vie d'apprentis forgeron. Il m'était impossible de frapper le fer sans le briser, impossible de me battre à l'épée, impossible de décocher la moindre flèche. Je fus renvoyé, salement. Ma mère ne sut jamais mon échec; le jour de mon renvoie un sénateur s'amusa trop avec elle; son corps n'en pouvait plus, son coeur non plus; elle mourut souillée.
Une vie d'ermite commença pour moi; je volais les manuscrits Grecs les plus recherchés, j'assassinais pour quelques lignes. J'étais à la recherche de nourriture. Je lisais tout ce qui me passait sous les yeux: des exploits de héros de l'ancien temps, jusqu'au récits de Sénateurs modernes. Tout étanchait ma soif, la rendant plus brûlante encore. A chaque déglutition j'avalais une boule d'aiguilles. Je me tordais de douleur au moindre contact: j'avais trouvé.
Trouvé enfin l'Immortalité, la vie dans la gloire, la vie par procuration, dans des milliers de Citoyens, présents et futurs. Il me fallut un an pour élaborer mon plan, il m'en faudra encore sûrement un autre pour mourir sous les coups de mes futurs tortionnaires.
Allons.
M'y voici; j'y suis enfin. Une vive chaleur, quasi-insupportable, me griffe le corps. Je suis éblouis par le feu et assourdis par les cris des Citoyens de ma Cité, en contre-bas. Certains ne connaissent pas mon nom, certains m'apostrophent sans me nommer. Qu'importe, ils sauront qui je suis.
Je suis Herostratos, mon nom traversera les millénaires.
Je suis Herostratos, et les flammes dansent sur le Temple d'Artémis.

Suite...

Les flammes s'éteignent, peut-être?

Voilà sept longs mois que je suis séquestré dans le noir. Une forte odeur salée me pique les sinus, et l'habitude n'y fait rien; maudite cave. Je me demande si je ne suis pas devenu aveugle, si ce n'est pas la fin, si l'oubli m'a volé la vue. Eh puis ils dissipent mes doutes; parfois ils me sortent de là, m'emmènent dans une salle blanche, puant le raisin et la pastèque, éclairée par mille milliers de bougies. Contemplé par des centaines d'hommes en toges blanches, aux yeux bleus, à la peau flasque et aux visages coléreux, je reste immobile, au centre, là où l'on m'a déposé. Tous me huent, certains jettent des objets sur moi, et tous ceux qui touchent me rappellent ma volonté.
J'ai réussi; ils connaissent tous mon nom. Alors, dés que cette pensée me vient à l'esprit, l'humiliation que je subis deviens une sourde joie, un bonheur inexprimable. Un homme me pose des questions, que je n'entends ni ne comprends, en me montrant du doigts. Il hurle; c'est fatiguant pour moi. Je ne sais que je dois répondre qu'aux inflexions de sa voix, et aux regards qui se fixent sur moi. Je dis alors que je ne comprends pas, et je ne comprends pas ce que je dis.
Ils hurlent, bavent, jouissent. Et dés qu'ils sont repus, ils me raccompagnent à ma cave.
Certaines de leurs visites me divertissent plus, mais m'amusent moins. Le Christ lui-même ne connaîtra pas les supplices que j'endure. Je tombe soixante-dix-sept fois sous le poids de la croix, et je ris. Je me fais fouetter, tordre les membres, arracher les extremités, et je ris de plus belle. Chaque supplice enduré sera une ligne de plus qui me sera consacrée, plus tard.
Je tiens tête, je tiens bon; ma mère est morte, toute poisseuse d'un amour bradé et d'une semence contrainte, mon père est mort, tout froid, glacé, croyant jusqu'à la fin que nos misérables pseudo-dieux le sauveraient.
Eux sont morts et enterrés dans le caveau de plomb de l'Oubli. Je mourrai; mais ne les rejoindrai pas.
Parfois, certaines confusions interviennent dans mon esprit. Hier par exemple, j'ai avoué, alors qu'ils me crucifiaient pour la septième fois, que c'était leurs mémoires qui m'intéressaient. J'ai tout de suite vu leurs sourcils se relever; ils étaient surpris comme des chiens battus. Ils m'ont décroché, m'ont pansé les plaies avec du sel, du vinaigre, et de la terre, et m'ont reconduit jusqu'à mon oubli temporaire.
Le soir même, un homme avec des branches dans les cheveux vint m'avertir qu'il avait été décrété qu'il était hors-la-loi de prononcer mon nom, sous peine de mort.
J'ai réussi.
Le peuple se nourrit de ce pain là. Personne ne prononcera mon nom, mais beaucoup s'en souviendront.
Tout, tout, absolument tout. Excepté l'oubli.
Je me délecte de mes souffrances; qu'il est bon d'être immortel.

Les flammes s'éteignent toujours. Hors de moi, elles s'éteindront, cette fois.


L'histoire réelle:
Le temple d'Artémis à Éphèse, appelé aussi Artémision, fut la quatrième des sept merveilles du monde. Sa construction débuta en 560 av. J.-C. et se termina en 440 av. J.-C. Ses architectes sont Théodore de Samos, Ctésiphon et Metagenès.

Le temple fut incendié le 21 juillet 356 av. J.-C. par Érostrate, qui voulait ainsi se rendre célèbre.

Apprenant le mobile de l'incendiaire qui avait détruit le temple qui faisait l'envie de tous les Grecs, les magistrats de la cité le firent torturer et tuer. Il fut interdit que son nom soit prononcé sous peine de mort. Cet arrêt ne fut respecté que 23 ans, jusqu'à l'arrivée d'Alexandre le Grand, qui finança la restauration du temple et confia le travail à l'architecte Dinocratès (restauration qui fut achevée tardivement plus de deux siècles plus tard). Mais quand les Éphésiens apprirent la date de naissance de leur bienfaiteur (la même année et, semble-t-il, la même nuit que celle de l'incendie fatal), le nom fut révélé.
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05 juin 2007
Ophéliscopie.

Aucun interêt. Dans la lignée de "Chant premier (et demi)". Survolez.

-Ophéliscopie-

Daphnis, jeune prince aux favoris blonds, aux traits réguliers, et à la tenue d'Empereur, chevauchait sublimement son cheval d'un bleu divin; Alpha, qui foudroyait les landes à la vitesse de l'éclair, ne souffrant aucun obstacles, gravissant, sans peine, montagnes et monts. Daphnis allait hebdomadairement voir sa belle, Ophélia, qui, en haut de sa tour d'Ivoire, guettait sa moitié avec une infinie mélancolie.
Nul escalier ne pouvait permettre à Daphnis de rejoindre son amour, en haut de la tour. Il devait, pour se faire, mettre le genou à terre, en dessous de la fenêtre, et crier, d'une voix saturée d'amour, le nom de son coeur.
Ophélia, qui, en haut de sa tour, laissait pousser ses longs et beaux cheveux de reine déchue, mais d'amante céleste, accourait alors à la fenêtre, et versait des larmes que Daphnis sentais couler sur son visage.

Ce jour-là, le jeune prince alla voir sa belle afin de l'emmener, loin. Le soleil se couchait avec lenteur, éclairant de mille et un reflets rouges la terre sacrée d'un amour passionnel, donnant à la tour d'Ivoire des airs de tragedies sanglantes.
Daphnis s'agenouilla, et, après avoir crié le nom de son coeur, vint le dialogue qu'un aveugle épargné par un semi-dieu, nota sur son calepin de poète, mais n'eut pas le courage de mettre en vers:

"Ophélia! Ophélia! Mon iris brûle de votre beauté cinglante. Si vos cheveux blancs et vos lèvres vermeilles valent plus que ma propre vie, daignez-vous accepter l'amour que je vous voue? Ni votre âge, ni les tranchées que le temps a creusées sur votre visage candide, ni la poussière de craie que les saisons ont déposée sur votre corps n'altéreront ce sentiment. Je vous en conjure Ophélia, descendez vers moi. Fermez les yeux, et contemplez moi.
- Vous savez, vous. Vous saviez que cette chose, que ce mal, que cette fatalité me rongeait, hein? Je sens chaque jour se renforcer la douleur, acceptez-vous? A chaque levé, chaque levé, posant le pied par terre, à plat, je m'étonne d'avoir passé la nuit. C'est à retardement là-dedans, je vis à crédit, à rebours. C'est drôle hein? Je m'esclaffe, je pouffe; regardez ma glotte. Alors remballe ton attirail de verbes sublimes, ta diction inhumaine et ta pureté indécente. Tu parles de vie; je te parle de fin. Offre moi, offre moi ce que je désire.
- Tout ma Belle, faudrait-il que je renonce à la joie de vous voir, à la joie d'avoir des yeux, et dûssé-je les crever comme des yeux au plat, les laissant couler le long de...
- Cessez! Merci. Je veux une dernière provocation, une sublime défiance, un ultime crachat sur l'Inexorable. Laisse-moi, fuis, va-t-en, file. Laisse moi renoncer à l'amour de t'aimer. Laisse moi renoncer à ma dernière volonté en y succombant. Laisse moi m'endormir la face corrigée par un rictus et ne jamais plus me réveiller, et ne jamais plus devoir ôter c'la de mon visage, et ne jamais plus connaître que le chatouillement des asticots sous ma peau.
- Aimée, soit. Mourrons ensemble. Vivre sans toi, c'est partir un peu, et moi, je ne fais jamais dans la demi-mesure.
- Laisse-moi, mes nausées reviennent et ma dysanthrie est d'actualité. Fuis, offre-moi ce dernier malheurs en hommage à tout le bonheur que nous aurions pu vivre. Va-t-en, et ne te retourne pas; ne prononce mon nom ni ne pense à moi; jamais. File, et que l'indifférence te gagne.
- Permettez-moi d'embrasser les sillons de vos années, gravés à jamais sur votre chair!
- Exclusif. C'est réservé aux asticots, ces sillons, cette chair; déguerpis et va avec l'illusion d'avoir sacrifié ta vie. Va au bordel et aies mauvaise conscience. Ronge-toi, mine-toi de remords à cause de ton indifférence souhaitée, et file.
- Honneur aux vers! J'irai, à Dieu."

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Il regardait la mer, apeuré et esseulé. Ses reflets, sa houle, sa rumeur grondante provoquaient chez lui une sourde angoisse qui dissipait quelques instants sa peur de la minute suivante.
Jamais il ne reverrait Ophélia, jamais il ne pourrait retoucher sa soie de peau ni ses eaux de cheveux. Daphnis descendit alors mélancoliquement d'Alpha, qui de ses yeux humides dardait on-ne-sait-quelle plate pensée. Il dégagea son sceptre du fardeau de l'animal, s'y appuya et marcha; s'il ne pouvait avoir Ophélia, il n'aurrait rien. La terre craquelée supportait tant bien que mal la lourdeur et la monotonie de ses pas.
Les pauvres paysans meurtris d'une vie infâme, n'attendaient qu'une mort où ils pourraient céder leur condition pourrie de dettes à leurs enfants; enfants malformés, rendus débiles et invalides par un travail trop précoce. Beaucoup de borgnes, rien que des borgnes; ils avaient tous perdu leur oeil droit, et, derrière les barricades cloutées, devant ces familles sacrifiées, devant ces martyrs inconnus, devant ces bubles assechées par l'argent qu'ils n'avaient pas, notre beau prince passait.
Les regards, le regard mono-occulaire de chacun de ces esclaves bafoués, de ces esclaves qui recevaient la vie comme un prêt, ces esclaves maudits par une existence désastreuse qu'aucun intempérie, hormis la routine meutrière, ne venait frapper; oui, le regard de ceux-là même se posait sur le sceptre d'or du Prince, et sur son long manteau d'hermine. Aucun d'eux ne connaissaient ces matières; ils eurent tout d'abord peur de lui.
Quel pathétique spectacle que de voir ces Hommes, bravant la famine, la mort, le choléra, la peste, la vérole, tout à coup craindre un étranger chétif à la paleur morbide; ils allaient tous, à reculon, vers leurs fermes, n'osant tourner le dos à l'étranger.
Mais un intrépide garçon, âgé de quelques années en trop, qui jouait avec sa rotule cassée, daigna s'approcher de l'inconnu.
Qu'importe ce que dit Daphnis, qu'importe ce qu'il fît; bientôt élu par le peuple il fut choyé; constamment nourri, logé. Constamment protégé. Le village, la ville, tout l'Empire était en émoi devant lui, et en extase devant cette rumeur dont on parlait de plus en plus fort, aux coins des ruelles mal pavées de souvenirs, de renverser le beau Prince inconnu, au loin, qui affaimait le globe et qui ne songeait qu'à sa Reine, fermentant elle-même en haut de sa tour pachidermique.
L'on raconte aussi que l'on avait retrouvé Alpha, près de Bêta, au bout d'une corde en sucre Candy.
Daphnis fut le chef de cette révolution qui se passa, comme toutes les révolutions, dans la naphtaline et au fil de fer. Porté par le peuple du Globe il détronna ainsi son homonyme, que personne n'avait jamais vu; Daphnis.
Bien plus tard, quelques centaines d'années plus tard, disons, la supercherie fut démasquée, et l'on déterra alors la dépouille royale afin de lui trancher la tête sur la place de la Trinité. L'on monta la veuve en carton et l'on coupa la tête squelette. Suivant ce que dit la maxime: "Guillotine en carton, mort en sucre", il donc est aisé de conclure que la post-mortem du Prince fut édulcoré à outrance.

- Daphnis -

Daphnis, en l'an 10 de grâce, n'était rien. Rien; il vidait des chopes de bières les unes après les autres. Les cernes creusées et teintées par la fatigue, son oeil hagard se promenant sur la pièce sans en détacher réellement les composants. Son teint était blafard, et sa peau moite.
Néanmoins une flamme d'étain en fusion pétrissait son ambition.
Daphnis n'était qu'un enfant ivrogne qui vendait ses habits et son corps pour se remplir l'estomac et les veines. Il n'était pas prince de sang. Ce n'est pas la divinité qui tient et qui étouffe chaque roi l'un après l'autre qui déposa la Couronne sur sa tête; se fut son encéphale qui le fît.
Il voyait chaque jour de preux chevaliers sauver d'un péril mortel leurs tendres et belles. Et eux ne recevaient qu'une gratitude temporaire, les lèvres de l'aimée, et rien d'autre. Ce courage que l'on imputait aux chevalier annihilait les preuves mêmes de leur courage. C'est alors que Daphnis eut un aphorisme pestaculaire, né d'un éclair grâce à ses veines; "Il n'y a rien de chevaleresque dans le fait d'être chevalier". La Gloire vint d'elle-même grâce à lui. Il sauvait la veuve, l'orphelin, et la putain tout en étant lui même affublé de loques terreuses. Son mérite était inimaginable, sa récompense fut à la hauteur.
Il construisit lui-même la tour d'Ivoire à partir de papier-verre et de craie, il détruisit lui-même les escaliers, emprisonnant ainsi Ophélia.
   Il décréta lui-même qu'il était prince et le fut.
   Il apprit lui-même le Grec et rencontra alors Bêta.
   Il fît raser des régions entières, rayer des populations et imputa un continent au globe.
   Il redécouvrit quinze fois les amériques et inventa une vingtaine de fois la bombe à neutrons.

Il lance des éclairs, se noit dans des mers de vins que des séraphins produisent en écrasant le raison de leurs pieds crottés. Puis il créa le contexte, puis il façonna sa vie, sa romance avec Ophélia, il travailla jour et nuit son discours, il chanta des jours et des nuits entières son amour à l'encre vide.
Il dessinait et caricaturait Dieu qui le punissait en le couvrant de foudre. Mais Daphnis, ému par les efforts de vengeance de son frère lui baisait uniquement le crâne, en signe de bonté.
Ophélia, elle, n'est que l'amour de Daphnis, enchanteresse et immaculé de tendresse. Elle compte les étoiles et les lunes, en haut de sa tour qui ne supporte pas la pluie.

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03 juin 2007
Texamobolie.

Le titre n'a rien à voir avec le texte, qui n'a rien à voir avec lui même.
Ce texte est idiot, on sens propre. Amoureux de la littérature, passez votre chemin.

Debout, à plat ventre, par terre.
Coincé entre deux albums de timbres il a des crises de joie, les vraies, les sales. Il prend un verre, du sel, verse l'autre dans l'un et avale le tout.
Les hauts-le-coeur le prennent; il rend tout. C'est joli, étalé comme ça. Une marque de dent est restée sur un morceau de viande régurgité. Il sourit intérieurement, puis exterieurement, et range le tout.
Le chien aboit, la lune passe; il va dormir. Il est trop heureux, c'est vrai, absolument. Son père est mort hier, et d'une mort minable qui plus est! Il s'est suicidé! Ah, quelle joyeuse impression il éprouva quand il le vit, baignant dans le liquide aux myosotis. Enfin! Il était un homme! Un vrai! L'on pourrait mettre quelque chose dans sa biographie, une belle anecdote morbide qui ferait compatir. Il aurait une excuse à ses tares.
Merde! Et s'il était croyant? On verrait ça plus tard, bien plus tard, quand il en aurait besoin.
Manque violent de tendresse, besoin déchirant. Sa gorge se serre, se serre encore, encore et encore. Il se tape sur la cage thoracique de ses deux poings pour mobiliser ses poumons. Tendresse! Vite! Il se jette sur son lit, prend son coussin et s'aplatit la tête contre. Il n'imagine rien.
C'est doux, le tissu. Mais ses poils tirent quand ils bougent, c'est agréable. Un sourire béat s'affiche sur son visage. Une nausée le prend, il repense à son père. Voilà mieux.
Voici l'épitaphe qu'il gravera à la pierre: "Lui ou un autre...". Sourire. Sa mère ne voudra jamais, la chienne.
Egaux, tous! Pourquoi, pour vivre, y'a-t'il besoin d'avoir des parents, même biologiques? Egaux! Tous! Voire plus!
Et il dérive sur sa politique à lui, celle qui lui apporte son bonheur.
La bonne et la mauvaise c'est qu'il se sent bien. Pourquoi? Parce qu'il vit. Pourquoi? Parce qu'il vit. L'ordure.
Son père est mort, crevé comme un chien, crevé noyé dans sa baignoire, la tête attachée à un poids, mort comme un animal chié et lui se serre contre un coussin. Tendresse.
Et le jour se lève, et ses rideaux se colorent, et sa chambre s'éclaire. Ensommeillé il se lève, trébuche sur le fatra gisant sur le sol. Une fois pénétré dans le couloir, il salut son père, sa mère, se fait décongeler du pain et chauffe son eau. Un rire trahit ses dents. Il est apaisé; sa peau est douce contre le coton de sa veste de nuit. Il est joyeux, mais ne se souvient de rien. Du mot "Epitaphe", et encore.
Il fut intéressant quelques minutes, quand il était inerte sous sa couette, sa bouche baveuse entre ouverte.
Il ne le sait pas. Son rêve est mort, et il est heureux. L'ordure.

Je crois que ce n'est même pas la peine de lacher les chiens; ils bouffent déjà le texte. Je ne savais pas dans quoi j'allais me lancer. C'était une sorte d'idée bourrée d'antonymes, ctoo.
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26 mai 2007
Chant premier (et demi), court sur pattes.

A tous les Skyblogs, et autres lieux d'étalages d'une débilité crasse.

Le chapitre où l'on découvre...

Bonjour! Amis Hugoliens,
Vous voulez tout? Vous n'aurez rien;
Ni déca, ni Alexandrins.

Votre coeur s'en doute
Sans doute;
Ces lettres n'ont pas grand intérêt
Ne respectant pas même les douze pieds.

C'est un poème pour couvrir des lignes
D'une encre bleu, que trois fois je surligne,
Avec des rimes grossièrement forcées
Pour atteindre le quota stéréotypé.

Ô Amour sublime et bien secret
Ô Désespoir dont je tranche les veines
Vous ne voyez pas le royaume de la peine?!
J'en suis pourtant la reine et le chouet.

Donnez moi très vite du Vin et du Haschiche
Que je sois la Belle de mon Seigneur:
Le Solal que je n'aurais jamais.

Pour prouver à mes copines que je suis chiche!
J'achéte de l'Opium venant d'un Beurre;
Je le remplace par des saignements de nez.

Mon seigneur! Mon saigneur! Mon saigne-coeur!
Mon coeur saigne de vous savoir loin toutes ces heures!
Rentrez tôt, ou je vide la pharmacie
Pour en finir avec cette cruelle vie

Je l'aime et lui ne me regarde pas
Drame contemporain semblable à la mer:
La mer, la mer, toujours recommencée!
L'amour, l'amour, toujours inespéré!

Ô Aragon! ô Vian! ô Gregory!
Vous avez été cueilli par la maladie
L'un le communisme, et l'autre, oh! la pneumonie!
Le deuxieme, une tare d'un coeur joli...

Quelle récompense après une attente!
Qu'un long regard sur la solitude éternelle.
Quelle récompense après l'espoir
Qu'un long regard sur l'arbre qui gel.

Mon poignet lacéré par ce sublime acier
Chromé, poli, et parfaitement éguisé
Ne peut plus soutenir ma main fatigué
... Voici le recueil de mes célestes pensées.
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28 mars 2007
Chant premier: Monologue d'une fugue.

Monologue d'une fugue.

                                 Aux alexandrins mutilés
                                 Au clair
                                 De Terre...

Fugue outrepassant les terres et les océans,
Le torse protégé par un tissu loqueté;
Refusant sa vie, son passé, comme un mendiant;
Orgueilleux, fier, comme le suprême déshérité.

S'arrêtant dans les auberges
A la recherche d'une niche.
Ses habits sont ses bandages
Sa liberté; une biche.

Reniant la compassion de ses frères
Il ne mange pas dans la main de la Nature.
Comme un enfant privé de sa mère
Il sent chaque jour grandir une torture.

Seul sur les routes à toute heure;
Il ne veut point de camarade, point d'ami.
Le seul vivant pour lui: son coeur;
Il bat perpétuellement dans un sublime ennui.

Son lever ne s'effectue que par ironie,
Sa vie n'est qu'un refus de subordination;
Il a perdu ses pairs, ses frères, sa patrie,
Marchant, dormant, au gré de Soleil-le-Bon.
                      *****

Sa langue s'est perdue il y a longtemps,
Remplacée par une couleuvre aux yeux d'argents
Qui jaillit à chacun de ses rires édentés
Pour ôter la vie au passant infortuné.

Son nez est devenu lame;
Acérée comme un rasoir;
Affutée par tant de larmes,
Pointues comme un rêve illusoire.

Ses dents sont des crocs aux pointes de cristal;
Claquant comme un instrument de la Géhenne;
Chantant le propre requiem de la Haine
Qui résonne dans les rares nuits sans étoiles.

Ses yeux ne sont que des pierres,
Qui rentrent et sortent de leur logis,
Au rythme indécent des jours clairs
Transportant la peur de la nuit.

Le vent jalouse la grâce de ses pas.
La mer envie son calme dogmatique,
Et les deux s'associent pour savoir qui verra
Une faille dans une telle perfection angélique.

Là où il va son éclat injurie le soleil;
Son mysticisme assombrit la nuit même,
Son gazouillement désacralise les corneilles
Sa chasteté ridiculise l'hymen.
                      *****

Dieu inquiet par une telle création exaltée
S'enivre du vin d'une vigne céleste
Et, de colère, foudroie ce suprême effronté
Qui, pétrifié par l'éclair, commet le divin inceste

Il s'en va par les cieux; traverse les nuages,
Et voyant apparaitre sur sa pupille profane
Cette abomination faite de croyances, de rages,
Le prend dans une étreinte et lui baise le crâne.

La divinité terrible, boueuse et crottée,
Devant avouer par ce symbolique baiser
Sa ressemblance avec ces affamés fugueurs,
Désire plus fort inspirer la peur;

Elle descend sur Terre et prend la forme d'un loup
Au gosier gorgé d'un sang pur,
Du sang d'agneau, du sang d'un fou.
Élevé par une quelconque "Kultur"

Le déshérité, mendiant mais repu,
Regarde avec étrangeté le ciel
Qui délivré de cet ignoble individu
Semble être une orgie; un divin bordel.

Les anges, abasourdis par la perversité
du Maitre, se débauchent d'une auguste façon;
Crucifiant leurs partenaires de satiété
Au moyen de croix en or, et de clous en plomb.
                      *****

Les jours se couchent, les nuits se lèvent;
Preuve du dédain qu'éprouve la mère Nature
Pour ces dieux ineptes et ces sacrées Pourritures
Disparus dès lors au plus profond de nos verves.
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22 mars 2007
En coeur! Encore!

Seul, le blasphéme atteint ses limites au bout d'un certain temps. A deux, c'est tellement mieux.

Blasphéme premier:                                         Blasphéme second:
   Le tableau est noir                      -                   Caroline
La nuit,                                        -                   Aime les pralines,
Le chat non plus;                           -                   Quand les pralines
Distille tes pupilles                          -                   S'enveniment
Au fond:                                       -                   Caroline
La mer                                          -                   Pleurt.
  Mes songes ne songent plus          -                    Comme nul ne boit
Cécité aveugle                               -                   L'eau de la rosée,
Eau troublée éclairée                       -                   Ne disons jamais
Rien à dire,                                    -                   Toujours.
Ni même courir                               -                   Prend moi par la taille
La nuit tombe-t-elle?                      -                    Et
  Au long certainement                    -                   Chantons
Rien, jamais                                   -                   A notre jeunesse
Et encore...                                   -                   Ether..
Ces cités passagères!                      -                     Envenimons-les!
Jaune canaris, affriolant                   -                   Convoyons vers l'infortune;
Regarde le ciel                                -                   Qu'elle pleurt
Tu ne les vois pas?                          -                   Caroline,
Moi non plus.                                  -                   Aime les praline,
Eux.                                              -                   Meurt.

                                    

                                  Avec la participation d'Enzo.
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21 mars 2007
Blasphémons en coeur.

Exécrons le beau en coeur, profanons la pohésie.

Jouons à danser la farandole
Outrepassons les terres
et
les mers.
Rire, danser, bafouer
Est un privilège d'Aurore,
d'Aube et d'Artiste.

Outrepassons les terres
Et dansons la farandole,
Montre moi tes dents,
Je te montrerai ma glotte,
Mange la donc et
Dansons la farandole;
Outrepassant
Les mers et les océans.
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28 février 2007
Baron (Version non-définitive)

"Assit sur sa chaise on dirait presque qu'il est empaillé, non?"
Sûrement.
Il était là, avec son visage semblable à une coulée de cire, les traits tirés, immobiles. Ses habits avaient été grisés par le temps et l'on pouvait trouver, dans quelques-uns de leurs plis, les cadavres de rongeurs ayant choisi de finir leur vie douillettement installé à la chaleur d'un corps humain.
Il ne bougeait pas, et le Temps l'épargnait; aucune ride n'apparaissait sur son visage.
    "Ça doit bien faire une trentaine d'années... C'était chez un brocanteur muet, ce dernier s'était arraché la langue et avait fait voeux de "non-communication" comme signe de protestation contre les famines qui sévissaient dans son pays... Il m'a fait comprendre qu'il ne pouvait faire que des signes, pour suivre sa grève du langage, même écrit. Il m'a donc montré ce... baron, assit sur une chaise au fond du magasin... Je l'ai voulu, à l'époque je m'aimais à être excentrique. Acheté, je me suis rendu compte qu'il n'avait pas de papiers sur lui; impossible de savoir son âge... Électrochocs, injections intraveineuses d'héroïne, coupures, ... Impossible de lui tirer la moindre plainte. À croire qu'il ne daigne pas même avoir mal"
Pour dire vrai, il ne daigne pas même accorder la moindre pensée au monde qui l'entoure, comme on s'évertue à ignorer le perdu qui vous injurie, comme on s'enorgueillit à ne pas prêter de vie au déshérité vous réclamant un don, une parole.
     "Le pire? Il est en parfait santé: un médecin est venu l'ausculter il y a peu. Il a dit que jamais il n'avait vu une telle perfection."
Personne n'est jamais mort des souffrances d'autrui? Mieux! Tout le monde vivrait mieux à les ignorer parfaitement.

     "Il m'est parfois venu à l'esprit de sombres impressions. J'ai cru avoir compris!... Complètement compris!... Je me suis dit que c'était Adam, stupéfait de ce qu'il avait provoqué avec une côte et une pomme."
Stupéfait? Non...: déconnecté de ce qu'il a engendré. S'il est la cause, alors vous êtes le mouvement. C'est peut-être Byron ressuscité par l'amour de la Grèce, Pilate par l'eau, Hannibal, Lafayette, Robespierre! Pourquoi pas Robespierre après tout? Puisque qui dit "guillotine en carton" dit "mort en sucre".
    "Mais je me dédis aussitôt; ça ne peut pas être ça puisque je suis athée."
Soucis de cause et de conséquence...
     "Alors, je me dis qu'il est fou, tout simplement. Pourquoi s'ennuyer à papoter sur son cas? Il ne boit ni ne mange, et ne ferme jamais les yeux"
La preuve que vous êtes bien divertissant; il ne veut pas en perdre une miette.
     "Et que dire! Que dire de cette inscription sur sa manche droite? "Sta, viator, nihil calcas"... C'est du délire! Mais je dois avouer que c'est plaisant de le voir survivre aux années, au temps."
Il ne survivra pas qu'au temps.
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20 février 2007
Seules.

J'voulais qu'on m'laisse seul aujourd'hui, les cognes m'avaient suivi, j'en avais ras l'bol, vraiment. J'voulais être seul, tout seul, avec moi et seulement moi. Alors j'm'étais enfoncé dans l'obscurité, j'avais disparu... D'là où j'étais j'pouvais à peine voir mes godasses bouger quand j'remuais mes nougats à l'intérieur.
Il pleuvait.
J'me souviens plus s'il pleuvait d'la flotte ou s'il faisait une chaleur indécente... Y'avait juste des cucarachas qui couraient un peu partout, qui me montaient dessus. Moi, ça me faisait bien rire. Ils sortaient de partout: des fenêtres, des égouts, des bouches d'aération. J'avais même l'impression qu'ils sortaient des porcs de ma trogne parfois.
Faillait que je me reprenne quoi, c'est pas possible d'avoir envies d'pas être à ce point là. J'm'étais appris à rire quand j'en avais pas envie, histoire de retrouver le bonheur avec mes dents. Mais là, ça ne venait vraiment pas.
D'un moment à un autre un archange allait descendre pour me juger, me faire un p'tit "Jugement Dernier" personnalisé... Enfin j'essayais de m'imaginer ça... Histoire non seulement d'expier mes pêchés, mais aussi d'me permettre d'en faire d'autres.
Oui, j'aimais bien les femmes publiques, les catins. Elles me faisaient faire des tours de ballons gratis, destination 7eme morbaques qu'elles disaient; ça nous faisait bien rire.
Giselle, il m'semble qu'elle est au violon celle-là maintenant, les cognes avaient réussi à lui foutre la pogne dessus. Y'en aura d'autres.
C'est vrai qu'c'est moche de voir des femmes prostituées, comme ça, en veux-tu en voila. Surtout sous la pluie: elles sont déjà pas très couvertes, mais l'eau ça colle le tissu sur la peau, on voit tout, quoi. Sous la neige, le soleil, la pluie, la grêle. Y'à pas d'CGT qui tienne pour ce genre de taf.
Comment ça un "Taf"... Bah ouais, c'est reconnu par le grand monde qui vient s'y abreuver; ça porte un nom, c'est officiel: c'est un taf.
Moi dans mon coin là, dans l'noir, j'étais foutrement bien, les cucarachas ils m'gênaient pas du tout. J'entendais les passants qui se pressaient sous la pluie, parce que leur journée était foutue, ils voulaient aller à l'Exposition des Bozart... C'est bien grave une journée de perdue pour ces gens, vivement 89, on va tous les foutre au ballon, on va voir s'ils sont pas au sec là dedans!
Merde, j'suis plus seul, dans mon coin: le soleil est revenu, je revois autour de moi les briques des murs, les bouches d'égouts, mes gambettes, mes panards avec mes groles trouées... Merde, enfoiré de soleil, ils peuvent me voir maintenant, dans ma saleté repoussante. Quoi... c'est pas ma faute si j'ai pas trouvé plus sombre pour me cacher. J'avais envie d'être rien aux yeux de personnes: sous la pluie, avec les nuages, dans mon impasse j'étais fichtrement bien...
La lumière me prostitue quoi, c'est infâme.
Ma mère m'l'avait bien dit: "Sois pauvre, travaille pour tes maîtres, acceptes la soumission"... Quelle conne, comment vous voulez que je me ramasse devant les autres hein? Si j'ai pas l'droit d'exister, eux non plus bordel.

Dans le jardin des Tuileries, sous ce beau soleil de printemps, où la nature se dévoile timidement, dénoue son corset de vertu. Où les hirondelles volent, où l'herbe chante... Où toutes les senteurs font une oeuvre bien plus grande que celle de Tolstoï, où cette musique des sinus est bien plus belle que tous les mouvements de Lutowslawsky, où ces couleurs sont plus agréables que la chair à en être aveugle... j'oublie ma condition, et que c'est bon.
J'suis là, leur égal, j'suis moi autant qu'ils sont eux. Y'à pas de bals, d'importances, de ventripotents, de bouffes, de baffrages infâmes qui tiennent... Faut juste que j'me planque quand y'à les flics qui viennent faire leur patrouille pour profiter un peu du soleil, eux aussi. Parce que sous l'exercice de leurs fonctions le plaisir de la Mère n'est pas proscrit... comme il devrait l'être. Bordel, ils savent même pas respecter le règlement à la lettre: tu bosses et tu la fermes.

Le temps change tout... le froid est plus pratique pour moi, quand j'vole du beurre j'le planque sous une brique, et il fond pas, alors j'peux l'manger p'tit à p'tit, j'peux l'rationner... Le soleil lui, il me bousille toutes mes prévisions, mais pour se faire pardonner il veut bien me faire plaisir: il me porte chaud... Eh puis tout est bien plus joli sous la lumière, faut pas croire.
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Décharné.

Ça tombait dru ce jour là.... c'était pas de la flotte... c'était du plomb...
C'était horizontal... mais ça nous, on s'en foutait.... Y'en avait qui tombaient.... tout autour.... Y'avait que ça... ça criait... ça pleurait... ils chialaient comme des mômes.... le kaki ne leur allait pas... y'avait pas de boue pourtant.... y'avait rien que de la roche... tout autour... aucun abris.
Ils s'en foutaient plein le fusil... entre deux blagues grossières... y'avait plus rien à grailler... Ils gueulaient les gars du régiment... "Putain, pour échapper à la rue j'ai signé... elle vient me chercher ici pourtant! Vous voyez! Qu'est-ce que j'ai fais! Elle me reverra peut-être jamais! Jamais! Vous entendez? Comment vous pouvez continuer! Jamais! Elle me reverra jamais...peut-être!... Moi je me barre!... J'en ai marre de tout ça! On s'en fout... ils s'en foutent! Alors je me taille! Allez... chapeau bas... et à bientôt..."
Ceux qui se faisaient serrer ils passaient par les armes, sur un poteau... On avait pas assez d'hommes... mais y'avait trop de déserteurs potentiels...
Moi c'était plus simple.... c'était mon père... pour lui l'uniforme c'était la grandeur de l'âme... c'était le salut par l'expiation... c'était la gloire céleste à la portée de l'homme... y'avait un truc qu'il avait pas pu digérer: les cons de son époque avaient même pas été capable de faire une guerre... il digérait pas ça... mais vraiment pas...
Alors bon... quand il a entendu que ça recrutait pour aller massacrer sur la Hollande... pas de trois il m'a foutu à la caserne... ma mère chialait... les femmes comprennent rien... jamais...
Mon père disait que les fusils pouvaient arranger bien des problèmes; avec des fusils, il n'y aurait plus de centristes, chacun choisirait son camps. On pourrait trancher entre ceux qui ont raison, et ceux qui ont tort. Alors on pourrait délester, alors on pourrait voler vers les idéaux. Il n'y aurait plus de manifestations, de revendications, d'opposants. Plus de nuages, plus de pluie, plus de beau temps... Tout serait ajusté comme une montre suisse... tout serait nickel... y'aurait plus de temps mort... ajusté à la milliseconde... à la microseconde... Les capitales du monde entier marchant au pas... Une, deux... Eune... Deuye... Jusqu'aux ténèbres... Plus loin même!... Toujours plus loin!... Sur un rythme binaire... toujours le même... aucun changement... jusqu'à ce que mort s'en suive... Faut bien finir par ça...

Fini enfin les maux de têtes, les maux tout court. Les fusils, c'est avoir raison. C'est anéantir tous les problèmes. C'est avoir raison, ou ne plus avoir rien du tout. Alors lui, ça le tentait bien d'être dans l'vrai, dans l'absolue véracité, mais il avait plus l'âge du tout. Donc c'est moi qui devais partir là-bas. Pas au front quand même, y'avait assez de viande là-bas apparemment. Moi, j'étais juste inutile, derrière, à gratter du papier. Je devais décider des noms qui pouvaient rejoindre les planqués, dans la ville... Y'avait des petites cases à droite avec les infirmités des soldats... c'est moi qui devais décider de leur vie. Au début, j'aimais bien lire les cases, l'une après l'autre, et puis choisir... Mais vite ça devient lassant... alors je cochais au hasard... six heures par jour... C'était comme ça de toute façon.
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04 janvier 2007
Reddition

Comme chaque soir ça revient, plus brûlant à chaque fois, me rongeant de l'intérieur un peu plus. Je m'imagine alors me donnant la mort, me l'offrant sur un plateau d'argent avec l'addition. Je rêve de maladies tropicales et de ces malades qui perdent la raison, qui sont drogués par eux même! quelle joie!

Je ne me souviens plus exactement quand ce malaise a commencé... En Septembre de l'année passée sûrement, je me souviens d'une journée, de la dernière heureuse journée qui ne m'apporta que de risibles soucis. Je marchais dans le parc se trouvant juste derrière ma propriété. L'odeur de l'herbe fraîchement coupée et des marronniers en fleurs m'enivrait et m'emplissait d'un bonheur inouï. J'habitais dans une de ces petites régions anglaises ayant des airs de mélancolie où l'on sait que chaque moment qui passe est moins savoureux que le précèdent.
J'humais l'air chargé de senteurs exquises quand une noix tomba et éclata à mes pieds, alors je fus brutalement chargé d'un savoir chimérique. Cette noix était pour moi ce que la madeleine fut à Proust, non seulement elle me rappelait les savoirs de ma vie mais elle me donnait celui des autres.
J'aurais pu rester là à la contempler, à m'enivrer de ce savoir, de ces certitudes, mais non; je savais que le savoir absolu va de couple avec l'ennui. Je détournais donc le regard et, bien que préoccupé par cette sensation nouvelle, je tentais de profiter du paysage.
Rien n'était pareil, les arbres avaient perdu de leur vert éclatant pour succomber à un triste verdâtre, l'herbe était rêche et les gens semblaient avoir été pervertis par je-ne-sais-quelle force supérieure.
Je m'empressais donc de rentrer chez moi afin retrouver mon cher environnement bienveillant et une fois la porte fermée il m'était impossible de ne pas me rendre à l'évidence: j'avais été piégé. Si Pandore a libéré les maux de l'humanité en succombant à sa curiosité, les Dieux ne m'ont pas épargné la résistance que j'ai opposé à la mienne.

La nuit passait sans soucis, en me réveillant je voyais le monde exempt de tout ses défauts, de tous ses maux, j'étais bien et soucieux de l'être. Les rues semblaient avoir été purgé, personne n'y errait, je n'y trouvais aucune imperfection. Ça ne m'importait guère.
Aussi les oiseaux faisaient-ils un bruit de tonnerre, fonçant parfois droit sur moi. Ils partaient tous vers le Nord. Arrivé devant la seule salle de jeux de la ville le mal me prit pour la première fois; tout se métamorphosa sous mes yeux. Je ne me souviens nullement avoir été surpris: il me semblait que tout allait dans l'ordre des choses.
Je ne pus pour autant me redresser et je fus contraint de retourner chez moi en rampant, les oiseaux toujours criants au dessus de ma tête.

Depuis je suis chez moi, mon mal est incurable, les oiseaux crient toujours autour de ma maison. J'ai peur.
Rien n'entrera, ma maison est ma prison, je suis dans une barricade, je suis un anathème, je suis molécules et particules, je suis chaque être de ce monde, chaque conscience, enfermée, protégée contre le reste.
Personne ne me fera de mal, plus jamais, personne.
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Ode à...

J'irai écrire une Ode à tous, à ceux qui me constituent et à tous mes absolus.
Sans idéal aucun j'étais parti, simplement et nonchalamment. Me trouver ne serait venu qu'avec le temps, porté par le vent, porté par les gens au grès des courants.
Me foutant des gifles du hauts de leurs certitudes, du haut de leurs habitudes j'ai d'abord été rebellé comme chaque faible qui se le sait. Alors je me suis caché, je me suis camouflé derrière des logiques invraisemblables, absurdes et ridicules.
Nul ne l'est.
Les terrains étaient glissants, les logiques aussi, mais mes absolus veillaient.
Du haut de leurs fiacres, allant d'idée en idée, me forçant à me construire par mimétisme, sans "moi" aucun, sans résistance aucune.
Je me le promet désormais: j'irai écrire une Ode à tous, à ceux qui me constituent et à tous mes absolus.
Suivant leurs routes, j'ai chus, j'ai du ramper et creuser la mienne. Les chemins boueux se suivent et se ressemblent. Mais désormais je les vois tomber eux aussi, pleins de grâces devant leur péripétie, eux qui, de leurs fiacres ne sauront jamais qu'ils sont;
Qu'ils sont moi, le matin dans la glace, le midi dans mes discours, et le soir dans mes souvenirs.
Qu'ils sont moi dans mes idées, dans mes certitudes et dans mes écrits.
Qu'ils sont mes forgerons, à leurs insus, avec leurs défauts et leurs qualités.
S'il faut que je vive encore, ils vivront à travers moi, je serais leur repère, leur auberge, leur oasis. Je m'en irai par les chemins, traversant encore, enseignant ce que j'ai appris, écrivant ce que j'ai lu, perpétuant ainsi leurs êtres.
J'irai écrire une Ode à tous, à ceux qui me constituent et à tous mes absolus.
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Mensualité.

Il a trouvé le moyen de s'exprimer pleinement l'enfoiré, c'est "CA", c'est tout.
C'est la négation des convictions, des aspirations, du néant, de l'être, de l'avoir, de tout!
Il a trouvé le moyen de dire "Blah", c'est l'apothéose.
J'ai l'impression que la perfection a été atteinte, il a trouvé, il a trouvé avant moi, avant nous.
Il a trouvé le moyen de dire "Merde". Ca m'obsède, c'est une torture, j'en ai presque la nausée.
Une heure que ça passe et repasse dans ma tête, impossible à chasser.
C'était "CA", nom de dieu, il a trouvé.

[...]

C'est ça.

J'ai failli en vomir, à l'instant, alors je hurle, je m'égosille, je voudrais chasser tout l'oxygène que j'ai en moi, j'ai une boule au niveau de l'estomac, je dois descendre dans le grave pour réussir à chasser tout l'air, ça ne fait que ressentir cette boule, c'est atroce.
[...]
J'n'arrive pas, c'est très étrange comme sensation, j'étais persuadé que je pourrais, pendant quelques instants ne plus avoir d'oxygène dans les poumons, me sentir à sec, puis renaître à la seconde, respirer un bon coup et m'endormir.
Rien du tout, toujours quelques p'tites bouffées, toujours cette envie de renvoyer mes tripes dans mon lit, de me vomir entièrement.
Dans le noir je me retrouve, moi, petit, je ne sens plus mon corps, je me retrouve à vouloir attraper  mon papier peint, à l'âge de 5 ans. Je me retrouve avec cette innocence et ce dégoût de moi-même, j'ai toujours rêvé d'être plus âgé, de pouvoir enfin. Petit ça me faisait pleurer presque chaque soir.
J'ai eu le vertige, dans le noir, je ne me sentais plus, je ne sentais rien. J'ai du allumer la lumière et regarder mes mains. Dieu soit loué, je suis bien moi, mon corps est bien là, encore.
Jamais je n'ai autant eu envie d'avoir mal pour me prouver qu'il tient le choc, mais je déteste la douleur, je me suis donc résigné, ça suffira. Eh puis je me suis regardé dans la glace, quel pantin, quelle marionnette je fais. Je me sens étranger, je me sens "Autre", en visite dans un milieu qui m'échappe.
Toutes mes pensées sont contradictoires, je n'ose parler, ma voix même me surprend, me dégoûte.
Je vais tacher de trouver le sommeil, merci Euphytose, merci Lexomil, à demain.
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02 janvier 2007
Joie >.

J'étais serein aujourd'hui, je me délectais de mes idées pures et calmes, luisantes à la lumière de mes raisonnements, nulle pensée ne pouvait emballer mon coeur, il était inerte, paisible. Je demande deux demi-douzaines de roses blanches, elles m'ont toujours paru chimiques avec leurs clartés immaculées, je savais qu'Elle serait heureuse, j'en était sûr. Non pas qu'Elle ait un goût pour ce qui est superficiel, loin de là, mais elle ne comprend pas le mot puisque ce qui est superficiel a tout de même la consistance de l'être.
Roses blanches, éclatantes et odorantes, quel bonheur infus.

La dame me fit un bouquet avec, elle devait en avoir sous les yeux toute la journée des amoureux prétentieux et déraisonnés, elle avait d'ailleurs cet air blasé qu'ont celles qui contribuent à la passions des autres sans jamais y tenir le premier rôle, ne s'occupant que du décor et de l'éclairage, celles à qui l'âge a prit l'espoir d'être tirées de ce passage d'un noir tangible. Un sourire moqueur accroché à ses lèvres rougeâtres elle me dit le prix, je m'empressai de la payer, il me semblait lui donner l'aumône.
Je m'en fus, toujours aussi serein que les moments précédents, mon bouquet de rose à la main, supérieur à la plupart des passants, puisque sachant très exactement ce qu'était ma vie. Je me sentais un Dieu parmi les insectes, la lumière et le bitume faisaient partie intégrante de moi, marcher ne me causait aucun effort physique, c'aurait été m'insulter avec cruauté.
Les magasins semblaient se vider, les rues se délestaient de leurs clients avec joie, la nuit tombait, combattant tant bien que mal la lumière jaunâtre des lampadaires.
Elle serait heureuse, tout comme les roses blanches, tout comme moi, tout comme ces passants inexistants traversant langoureusement les rues sombrantes dans un repos mérité.
Devant sa porte je me décide à entrer, à monter les escalier, à sonner. Elle m'ouvre, un rire se creuse sur ses lèvres. Ce n'est pas tout. J'étends mon bras, lui donnant le bouquet, c'est l'apothéose. Elle me dit qu'elle ne sait pas quoi dire, ça se voit, elle murmure des mots que d'autres lui ont soufflés bien avant, ce n'est plus Elle, c'est un ensemble, c'est une éducation et une sommation.
Presque indigné, mais ne devant pas le montrer, je suis complaisant.
Ça me dégoûte, ça m'écoeure, ça me révolte.
Je dois ravaler tout ça, il faut bien inventer l'autre, lui donne les traits que l'on souhaite et gommer les imperfections, alors, jouons.
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Ha

Elle est là, devant moi et c'est mon image qu'elle renvoie. Ses traits semblent trop tracés, ses yeux sont trop brillants, ils sont acides et perçants. Comment la calmer? Je ne sais trop quoi dire, des paroles trop vite échappées, des gestes trop vite lancés, et de excuses trop peu chargées de sincérité. J'ai déchaîné des chimères sur les êtres du globe, je l'ai blessé elle, je les ai toutes blessées.

Ce soir sera le dernier, c'est la pleine lune, je me plaît à croire à l'Ironie du sort, longtemps qu'elle sévit, tout les évènements de ma vie y sont inscrits.
Alors j'attends dans ce silence pesant. Elle sait que je ne tiens pas l'alcool, elle sait que je ne suis pas croyant et que ma conscience a plus d'un tour. Je n'étais pas en total possession de mes moyens, c'est d'ailleurs ce qui l'inquiète. Sa logique est implacable: je n'ai pas réussi à ma cacher cette fois, pas réussi à me camoufler derrière ce sourire semblable à un masque, derrière ces rires aiguës et ces drôleries inquiétantes. Durant quelques moments, sous l'effet de l'alcool, j'ai rêvé que j'étais moi, j'ai vomi et exécré le monde, j'ai sévi et creusé ma tombe.
Sous l'effet de l'alcool bon marché, je me suis payé le luxe d'être durant quelques secondes cette ignominie innommable qui se terre en moi, cette chose d'une éclatante laideur à l'épreuve des mots. Je me suis vu, je les ai vu. Jamais je ne recommencerai.
Jamais plus je ne verrai maintenant, je ne veux plus jamais qu'elle se tienne devant moi, attendant le moment propice pour m'assener un dernier coup, pour mettre en exergue mes contusions.
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Marche sous la pluie

          Il rentre chez lui. Son chemin s'est embourbé. Les grammes s'accumulent, sa vue se brouille, ses neurones refusent.
Il aimerait pleurer ce qu'il pleut. Une pluie battante martèle son monde depuis bientôt quelques heures, son coeur s'émancipe, il n'en peut plus, pourquoi a-t-il était formé ici lui? Il n'avait pourtant rien demandé, encore une histoire de chromosomes que l'on vous dit.
Alors il se débrouille, les artères, les infarctus et les crise en tout genre se multiplient, désir d'émancipation oblige.
Compréhensible, et donc tellement répréhensible.
La lumière semble lui souiller les yeux, la pluie le viole à chaque instant et la sueur se marie.
Quelle connerie.
La mort s'était finalement nouée d'amitié avec lui, elle lui servait de repère car il savait très bien qu'elle serait toujours à ses côtés, l'ordre des médecins, présent.
Ses clés sont tombées dans l'égout, voila dix minutes qu'il les regarde, qu'il essaye de les impressionner de ses yeux injectés de sang.
Le tissu de ses vêtements lui colle à la peau, il a étrangement chaud sous cette pluie glaciale. La sueur célèbre ses noces, les larmes s'invitent. Il n'est que liquide. Son sang lui donne chaud, ses muqueuses l'empêchent de respirer... Les clés sont toujours là, derrière les barreaux de la bouche d'égout, à l'abri, elle ne voulaient pas rentrer à la maison aujourd'hui.
Il prend ça comme un divorce.
Compréhensible, et donc tellement répréhensible.
Sa dignité elle même imbibée se broie dans sa mâchoire. Il se relève, lui qui a toujours prôné la liberté ne veut pas être conditionné par ce qu'il a perdu. Un pied devant l'autre, il est décidé à ne pas se retourner, la pluie le rappelle, les larmes lui font la gueule, il marche.
Cent quinze pas, la faiblesse de se rattacher aux valeurs sûres, aux valeurs numériques.
Il est arrivé chez lui. Les clés ont apparemment fait messe basse avec la porte, elle refuse de lui céder le passage. Enragé, il donne un coup de pied. C'est stupide, il le sait bien. Ses orteils, furieux d'avoir été d'une inutilité crasse le lui rappellent en lui faisant parvenir une vive douleur.
Les escaliers s'y mettent, ils ne veulent pas être utilisés s'il lui est impossible de poser le pied par terre.
Un complot, tout se refuse à lui.
Ses yeux, injectés de sang jusqu'à l'iris refusent désormais de lui retranscrire sa vue.
Ça y est, il le sent, l'émancipation est proche. Il s'arrête enfin, dans un dernier effort il lui fait exploser un anévrisme. C'est fini.
Il n'est plus liquide, le sang s'arrête, ses yeux restent ouverts, avides.

Compréhensible... et donc tellement répréhensible.
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Déclaration

         Va, va vers lui.
Les différentes raisons du choix que je t'apporte ont été provoqué.
L'idée que moi, je ne suis pas mon entière fin, et que mon Omega court quelque part dans la nature me rendrait malade. Chacun de vos regards se croisant ne feraient que me montrer ce que je ne suis pas. S'il réside plus de moi en lui qu'il n'en réside chez moi. Alors n'hésite pas, nous saurons nous partager, et je sais que tu en seras capable, en l'aimant tu m'aimeras, nous sommes finalement identiques.
Je ne dis pas ça parce que je te pardonne, loin de là, et je sais que tu n'y es pour rien, et que finalement lui non plus, je dis simplement que le dénouement ne saurait être heureux dans ces conditions, et étant le seul de nous deux à avoir une vue global de la pièce qui se trame, je préfère me rétracter, au moins pourrons-nous vivre ce que nous ne pourrons connaître?
Va vers lui, accepte et donne.
Je vais pratiquer une euthanasie du sentiment, je l'ai déjà fait, il n'y a aucun risque, je les connais. Je ne serais sûrement plus aussi vivant que je ne le suis aujourd'hui, et le nihilisme se rapprochant du matérialisme exacerbé me guettera sans doute mais peu m'importe, il faut que le dénouement soit heureux.
Et puis il fait bien les choses, Elle m'appelle le jour où tu m'annonces que tu ne le pardonnes pas. C'est l'ironie du sort qu'on appelle ça, j'en suis friands, alors allons-y, jouons dans les règles de l'Art. Je La verrai pour la dernière fois dans deux semaines, et tu verras pour la dernière fois ce que ç'aurait pu être.
2 milliards d'espoir, il faut se le répéter. C'est le jeu :'). Play&Try again.
Je ne saurais te dicter quoi faire, et je ne saurais me faire passer pour ce que je ne suis pas afin d'exaucer mon souhait, je te le demande donc.
Lâche cette peine de la perte, cette compassion, cette compréhension, cette pitié, ces remords et va vers lui. C'est une demande. Je ne saurais de le dire entre quatre yeux, mes yeux, mes mimiques, mes tiques me trahiraient sans doute, je prend donc toute la froideur de l'écriture pour te le dire.
Néanmoins, sache que je vous aimes, toi, elle et les autres et qu'aucun parasite ne saurait altérer ce sentiment.
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02 janvier 2007
Euthanasie

Je ne cessais de me dire que ce n'était pas classieux de ma part de l'avoir laissé être lâche, j'aurais du la laisser souffrir, histoire qu'elle puisse au mieux profiter du dénouement. J'étais fort moi, j'acceptais la douleur avec dignité, comme l'on accepte une fatalité facultative.
Pourtant j'étais là, loin d'elle. Elle avait du en trouver un autre, avec toutes les barrières qui nous séparaient. Je n'aurais pas du y retourner, depuis l'air me posait des questions, chaque objet semblait être au courant, comme si elle me reprochait de l'avoir laissé à la facilité qui prend plus de goût lorsque quelqu'un ne vous laisse pas faire. Elle avait pourtant réussie, elle, à désespérer. Le désespoir, c'est ce que l'on dit aux autres pour qu'ils nous pardonnent d'arrêter de continuer comme eux. Elle devrait arriver bientôt, je l'attendais depuis mon existence et depuis que je me suis éveillé, ce matin. Je l'avais perdu ce désespoir, son ami, pervers et perfide m'avait eu, sournoisement, elle m'avait téléphoné. Je ne me souviens plus de son nom et je suis assis, en pleine réalité alors que je pourrais être autre part, cette situation m'est étrange puisque réel, me plongeant et provoquant un coma-conscient, il était trop tard. Je ne pouvais pas en sortir. L'espoir me tenait en haleine, il m'empêchait de fuir, je ne pouvais plus abandonner, tourner le dos, éluder les possibilités.
Qu'importe, je n'avais pas goûté au bonheur et je n'étais donc pas malheureux, rien ne m'empêchait de voir le dénouement de mon histoire de mes propres yeux, ça ferait du temps à tuer, ce n'est pas interdit de le tuer, le temps. Faut dire que le temps c'est quand même beaucoup moins important que des êtres humains, le temps n'a comme seule tâche et de dégrader, détruire, immoler, rapporter, ramener à la réalité ceux qui l'ont quitté, et la leur faire quitter dés qu'ils ont prit conscience. J'attendais depuis maintenant quelques temps, puisque qu'ils sont plusieurs pour faire ce sale boulot. Elle me l'avait dit, et me l'avait fait dire par ses lèvres, il ne fallait pas que j'en arrive à elle, je l'attendais.
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Délire

Et l'eau coule.
          Le Sauveur est appelé au banc des accusés. Personne ne se présente. Il n'y a pas assez de place. Le rossignol chante encore, c'est inlassable, c'est magnifique aussi comme relais. Endurance d'ailleurs, 20 siècles de chants, certains chantant pour d'autres.
          Et l'eau coule encore.
     Rhétorique, poèmes, Platon et toute la galerie vernie de joyaux oculaires. Le criminel se présente sur le banc des accusés, aucun coeur, lui. Quelques clous pour des millions de vies. Un peu d'eau pour une conscience blanchie. Un peu de sang pour des massacres.
          Et la pauvre eau coule toujours.
Des mots. Les mots; ces vermines ne se laissent pas dompter, ils sortent avec une classe propre à leurs habitats baveux. Il faudrait leur mettre des claques avec cuisine et orientation Sud. Des paraboles, des strophes je suppose? Sauvons les pour nous empêcher de nous sauver, nous en avons trop besoin. Solidarité, Liberté, Fraternité qu'ils nous disent. L'Etat c'est lui, la race c'est moi. La fin viendra avec moi ainsi qu'avec tous les autres, tout s'écroule. Le rossignol chante toujours.
   Et elle ne peut pas s'en empêcher, elle coule.
Et nous vivons, c'est un tient pour un dut, finalement tout va de pair. N'ayons crainte, un rossignol chantera toujours et nous fera perdre notre plus grand atout.
Le volatil est appelé sur le banc des accusés: Assistance à personne en danger, ça ne pardonne pas. Mais lui continue de chanter, chanter ses idées, pas ses mots et ça c'est assourdissent, c'est ignoble, c'est intolérable.
   Enfin! Nous en avons un autre, préparons les clous, le vinaigre, la lance et l'eau. Dénonce encore. Il ne peut pas arrêter.
   Nous vivons, elle coule, nous accusons, il chante.
Naît ici, tu seras mon ami, mon frère, mes privilèges, mon camarade, ces couleurs te représenteront. Naît là, nous avons les clous, le vinaigre, la lance et l'eau, tout se répète, même lui.
   Meurtri le rossignol vomi ses dernières idées. Chut. Il se tait, nous mourons, elle s'assèche.
Les clous rouillent, la lance se désagrège, le vinaigre devient acide, l'eau se ternit et la bonne conscience s'enfuit, Platon la mime.
   Malheureusement, le rossignol ne peut pas empêcher ni l'extinction, ni Freud, ni Marx, ils se
sont battus pour faire valoir un cynisme à toute épreuve où la logique A+B=C règne en maître.
L'inconnu nous reste encore, et nous restera encore, tant qu'un Freudien n'analysera pas le sourire de la Joconde comme un traumatisme lié à une enfance douloureuse ou autre démystification sauvage, il sera toujours là, et si ce n'est pas lui ce sera un autre qu'il aura envoyé. Il me plaît de me dire que je respire la vie et que j'expire l'espoir, n'importe ceux qui mentent, ceux qui diffament, ceux qui essayent de réduire la vie à des atomes et à des molécules, il ne faudrait pourtant pas les laisser faire, il devrait y avoir de lois. Ils ont même eux, Freudiens et autres Einsteins, réduit l'humanité à l'hydrogène. Fini les envolées lyriques, il ne reste que peu de répit entre l'arret du rossignol et le vinaigre, les clous et l'eau.
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11 juillet 2007

Chant second.

-Ophéliscopie-

Daphnis, jeune prince aux favoris blonds, aux traits réguliers, et à la tenue d'Empereur, chevauchait sublimement son cheval d'un bleu divin; Alpha, qui foudroyait les landes à la vitesse de l'éclair, ne souffrant aucun obstacles, gravissant, sans peine, montagnes et monts. Daphnis allait hebdomadairement voir sa belle, Ophélia, qui, en haut de sa tour d'Ivoire, guettait sa moitié avec une infinie mélancolie.
Nul escalier ne pouvait permettre à Daphnis de rejoindre son amour, en haut de la tour. Il devait, pour se faire, mettre le genou à terre, en dessous de la fenêtre, et crier, d'une voix saturée d'amour, le nom de son coeur.
Ophélia, qui, en haut de sa tour, laissait pousser ses longs et beaux cheveux de reine déchue, mais d'amante céleste, accourait alors à la fenêtre, et versait des larmes que Daphnis sentais couler sur son visage.

Ce jour-là, le jeune prince alla voir sa belle afin de l'emmener, loin. Le soleil se couchait avec lenteur, éclairant de mille et un reflets rouges la terre sacrée d'un amour passionnel, donnant à la tour d'Ivoire des airs de tragedies sanglantes.
Daphnis s'agenouilla, et, après avoir crié le nom de son coeur, vint le dialogue qu'un aveugle épargné par un semi-dieu, nota sur son calepin de poète, mais n'eut pas le courage de mettre en vers:

"Ophélia! Ophélia! Mon iris brûle de votre beauté cinglante. Si vos cheveux blancs et vos lèvres vermeilles valent plus que ma propre vie, daignez-vous accepter l'amour que je vous voue? Ni votre âge, ni les tranchées que le temps a creusées sur votre visage candide, ni la poussière de craie que les saisons ont déposée sur votre corps n'altéreront ce sentiment. Je vous en conjure Ophélia, descendez vers moi. Fermez les yeux, et contemplez moi.
- Vous savez, vous. Vous saviez que cette chose, que ce mal, que cette fatalité me rongeait, hein? Je sens chaque jour se renforcer la douleur, acceptez-vous? A chaque levé, chaque levé, posant le pied par terre, à plat, je m'étonne d'avoir passé la nuit. C'est à retardement là-dedans, je vis à crédit, à rebours. C'est drôle hein? Je m'esclaffe, je pouffe; regardez ma glotte. Alors remballe ton attirail de verbes sublimes, ta diction inhumaine et ta pureté indécente. Tu parles de vie; je te parle de fin. Offre moi, offre moi ce que je désire.
- Tout ma Belle, faudrait-il que je renonce à la joie de vous voir, à la joie d'avoir des yeux, et dûssé-je les crever comme des yeux au plat, les laissant couler le long de...
- Cessez! Merci. Je veux une dernière provocation, une sublime défiance, un ultime crachat sur l'Inexorable. Laisse-moi, fuis, va-t-en, file. Laisse moi renoncer à l'amour de t'aime. Laisse moi renoncer à ma dernière volonté en y succombant. Laisse moi m'endormir la face corrigée par un rictus et ne jamais plus me réveiller, et ne jamais plus devoir ôter c'la de mon visage, et ne jamais plus connaître que le chatouillement des asticots sous ma peau.
- Aimée, soit. Mourrons ensemble. Vivre sans toi, c'est partir un peu, et moi, je ne fais jamais dans la demi-mesure.
- Laisse-moi, mes nausées reviennent et ma dysanthrie est d'actualité. Fuis, offre-moi ce dernier malheurs en hommage à tout le bonheur que nous aurions pu vivre. Va-t-en, et ne te retourne pas; ne prononce mon nom ni ne pense à moi; jamais. File, et que l'indifférence te gagne.
- Permettez-moi d'embrasser les sillons de vos années, gravés à jamais sur votre chair!
- Exclusif. C'est réservé aux asticots, ces sillons, cette chair; déguerpis et va avec l'illusion d'avoir sacrifié ta vie. Va au bordel et aies mauvaise conscience. Ronge-toi, mine-toi de remords à cause de ton indifférence souhaitée, et file.
- Honneur aux vers! J'irai, à Dieu."

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Il regardait la mer, apeuré et esseulé. Ses reflets, sa houle, sa rumeur grondante provoquaient chez lui une sourde angoisse qui dissipait quelques instants sa peur de la minute suivante.
Jamais il ne reverrait Ophélia, jamais il ne pourrait retoucher sa soie de peau ni ses eaux de cheveux. Daphnis descendit alors mélancoliquement d'Alpha, qui de ses yeux humides dardait on-ne-sait-quelle plate pensée. Il dégagea son sceptre du fardeau de l'animal, s'y appuya et marcha; s'il ne pouvait avoir Ophélia, il n'aurrait rien. La terre craquelée supportait tant bien que mal la lourdeur et la monotonie de ses pas.
Les pauvres paysans meurtris d'une vie infâme, n'attendaient qu'une mort où ils pourraient céder leur condition pourrie de dettes à leurs enfants; enfants malformés, rendus débiles et invalides par un travail trop précoce. Beaucoup de borgnes, rien que des borgnes; ils avaient tous perdu leur oeil droit, et, derrière les barricades cloutées, devant ces familles sacrifiées, devant ces martyrs inconnus, devant ces bubles assechées par l'argent qu'ils n'avaient pas, notre beau prince passait.
Les regards, le regard mono-occulaire de chacun de ces esclaves bafoués, de ces esclaves qui recevaient la vie comme un prêt, ces esclaves maudits par une existence désastreuse qu'aucun intempérie, hormis la routine meutrière, ne venait frapper; oui, le regard de ceux-là même se posait sur le sceptre d'or du Prince, et sur son long manteau d'hermine. Aucun d'eux ne connaissaient ces matières; ils eurent tout d'abord peur de lui.
Quel pathétique spectacle que de voir ces Hommes, bravant la famine, la mort, le choléra, la peste, la vérole, tout à coup craindre un étranger chétif à la paleur morbide; ils allaient tous, à reculon, vers leurs fermes, n'osant tourner le dos à l'étranger.
Mais un intrépide garçon, âgé de quelques années en trop, qui jouait avec sa rotule cassée, daigna s'approcher de l'inconnu.
Qu'importe ce que dit Daphnis, qu'importe ce qu'il fît; bientôt élu par le peuple il fut choyé; constamment nourri, logé. Constamment protégé. Le village, la ville, tout l'Empire était en émoi devant lui, et en extase devant cette rumeur dont on parlait de plus en plus fort, aux coins des ruelles mal pavées de souvenirs, de renverser le beau Prince inconnu, au loin, qui affaimait le globe et qui ne songeait qu'à sa Reine, fermentant elle-même en haut de sa tour pachidermique.
L'on raconte aussi que l'on avait retrouvé Alpha, près de Bêta, au bout d'une corde en sucre Candy.
Daphnis fut le chef de cette révolution qui se passa, comme toutes les révolutions, dans la naphtaline et au fil de fer. Porté par le peuple du Globe il détronna ainsi son homonyme, que personne n'avait jamais vu; Daphnis.
Bien plus tard, quelques centaines d'années plus tard, disons, la supercherie fut démasquée, et l'on déterra alors la dépouille royale afin de lui trancher la tête sur la place de la Trinité. L'on monta la veuve en carton et l'on coupa la tête squelette. Suivant ce que dit la maxime: "Guillotine en carton, mort en sucre", il donc est aisé de conclure que la post-mortem du Prince fut édulcoré à outrance.

- Daphnis -

Daphnis, en l'an 10 de grâce, n'était rien. Rien; il vidait des chopes de bières les unes après les autres. Les cernes creusées et teintées par la fatigue, son oeil hagard se promenant sur la pièce sans en détacher réellement les composants. Son teint était blafard, et sa peau moite.
Néanmoins une flamme d'étain en fusion pétrissait son ambition.
Daphnis n'était qu'un enfant ivrogne qui vendait ses habits et son corps pour se remplir l'estomac et les veines. Il n'était pas prince de sang. Ce n'est pas la divinité qui tient et qui étouffe chaque roi l'un après l'autre qui déposa la Couronne sur sa tête; se fut son encéphale qui le fît.
Il voyait chaque jour de preux chevaliers sauver d'un péril mortel leurs tendres et belles. Et eux ne recevaient qu'une gratitude temporaire, les lèvres de l'aimée, et rien d'autre. Ce courage que l'on imputait aux chevalier annihilait les preuves mêmes de leur courage. C'est alors que Daphnis eut un aphorisme pestaculaire, né d'un éclair grâce à ses veines; "Il n'y a rien de chevaleresque dans le fait d'être chevalier". La Gloire vint d'elle-même grâce à lui. Il sauvait la veuve, l'orphelin, et la putain tout en étant lui même affublé de loques terreuses. Son mérite était inimaginable, sa récompense fut à la hauteur.
Il construisit lui-même la tour d'Ivoire à partir de papier-verre et de craie, il détruisit lui-même les escaliers, emprisonnant ainsi Ophélia.
   Il décréta lui-même qu'il était prince et le fut.
   Il apprit lui-même le Grec et rencontra alors Bêta.
   Il fît raser des régions entières, rayer des populations et imputa un continent au globe.
   Il redécouvrit quinze fois les amériques et inventa une vingtaine de fois la bombe à neutrons.

Il lance des éclairs, se noit dans des mers de vins que des séraphins produisent en écrasant le raison de leurs pieds crottés. Puis il créa le contexte, puis il façonna sa vie, sa romance avec Ophélia, il travailla jour et nuit son discours, il chanta des jours et des nuits entières son amour à l'encre vide.
Il dessinait et caricaturait Dieu qui le punissait en le couvrant de foudre. Mais Daphnis, ému par les efforts de vengeance de son frère lui baisait uniquement le crâne, en signe de bonté.
Ophélia, elle, n'est que l'amour de Daphnis, enchanteresse et immaculé de tendresse. Elle compte les étoiles et les lunes, en haut de sa tour qui ne supporte pas la pluie.

11 juillet 2007

Chant premier et demi


Le chapitre où l'on découvre...

Bonjour! Amis Hugoliens,
Vous voulez tout? Vous n'aurez rien;
Ni déca, ni Alexandrins.

Votre coeur s'en doute
Sans doute;
Ces lettres n'ont pas grand intérêt
Ne respectant pas même les douze pieds.

C'est un poème pour couvrir des lignes
D'une encre bleu, que trois fois je surligne,
Avec des rimes grossièrement forcées
Pour atteindre le quota stéréotypé.

Ô Amour sublime et bien secret
Ô Désespoir dont je tranche les veines
Vous ne voyez pas le royaume de la peine?!
J'en suis pourtant la reine et le chouet.

Donnez moi très vite du Vin et du Haschiche
Que je sois la Belle de mon Seigneur:
Le Solal que je n'aurais jamais.

Pour prouver à mes copines que je suis chiche!
J'achéte de l'Opium venant d'un Beurre;
Je le remplace par des saignements de nez.

Mon seigneur! Mon saigneur! Mon saigne-coeur!
Mon coeur saigne de vous savoir loin toutes ces heures!
Rentrez tôt, ou je vide la pharmacie
Pour en finir avec cette cruelle vie

Je l'aime et lui ne me regarde pas
Drame contemporain semblable à la mer:
La mer, la mer, toujours recommencée!
L'amour, l'amour, toujours inespéré!

Ô Aragon! ô Vian! ô Gregory!
Vous avez été cueilli par la maladie
L'un le communisme, et l'autre, oh! la pneumonie!
Le deuxieme, une tare d'un coeur joli...

Quelle récompense après une attente!
Qu'un long regard sur la solitude éternelle.
Quelle récompense après l'espoir
Qu'un long regard sur l'arbre qui gel.

Mon poignet lacéré par ce sublime acier
Chromé, poli, et parfaitement éguisé
Ne peut plus soutenir ma main fatigué
... Voici le recueil de mes célestes pensées.

11 juillet 2007

- Chant premier -

Monologue d'une fugue.

                                 Aux alexandrins mutilés
                                 Au clair
                                 De Terre...


Fugue outrepassant les terres et les océans,
Le torse protégé par un tissu loqueté;
Refusant sa vie, son passé, comme un mendiant;
Orgueilleux, fier, comme le suprême déshérité.

S'arrêtant dans les auberges
A la recherche d'une niche.
Ses habits sont ses bandages
Sa liberté; une biche.

Reniant la compassion de ses frères
Il ne mange pas dans la main de la Nature.
Comme un enfant privé de sa mère
Il sent chaque jour grandir une torture.

Seul sur les routes à toute heure;
Il ne veut point de camarade, point d'ami.
Le seul vivant pour lui: son coeur;
Il bat perpétuellement dans un sublime ennui.

Son lever ne s'effectue que par ironie,
Sa vie n'est qu'un refus de subordination;
Il a perdu ses pairs, ses frères, sa patrie,
Marchant, dormant, au gré de Soleil-le-Bon.
                      *****

Sa langue s'est perdue il y a longtemps,
Remplacée par une couleuvre aux yeux d'argents
Qui jaillit à chacun de ses rires édentés
Pour ôter la vie au passant infortuné.

Son nez est devenu lame;
Acérée comme un rasoir;
Affutée par tant de larmes,
Pointues comme un rêve illusoire.

Ses dents sont des crocs aux pointes de cristal;
Claquant comme un instrument de la Géhenne;
Chantant le propre requiem de la Haine
Qui résonne dans les rares nuits sans étoiles.

Ses yeux ne sont que des pierres,
Qui rentrent et sortent de leur logis,
Au rythme indécent des jours clairs
Transportant la peur de la nuit.

Le vent jalouse la grâce de ses pas.
La mer envie son calme dogmatique,
Et les deux s'associent pour savoir qui verra
Une faille dans une telle perfection angélique.

Là où il va son éclat injurie le soleil;
Son mysticisme assombrit la nuit même,
Son gazouillement désacralise les corneilles
Sa chasteté ridiculise l'hymen.
                      *****

Dieu inquiet par une telle création exaltée
S'enivre du vin d'une vigne céleste
Et, de colère, foudroie ce suprême effronté
Qui, pétrifié par l'éclair, commet le divin inceste

Il s'en va par les cieux; traverse les nuages,
Et voyant apparaitre sur sa pupille profane
Cette abomination faite de croyances, de rages,
Le prend dans une étreinte et lui baise le crâne.

La divinité terrible, boueuse et crottée,
Devant avouer par ce symbolique baiser
Sa ressemblance avec ces affamés fugueurs,
Désire plus fort inspirer la peur;

Elle descend sur Terre et prend la forme d'un loup
Au gosier gorgé d'un sang pur,
Du sang d'agneau, du sang d'un fou.
Élevé par une quelconque "Kultur"

Le déshérité, mendiant mais repu,
Regarde avec étrangeté le ciel
Qui délivré de cet ignoble individu
Semble être une orgie; un divin bordel.

Les anges, abasourdis par la perversité
du Maitre, se débauchent d'une auguste façon;
Crucifiant leurs partenaires de satiété
Au moyen de croix en or, et de clous en plomb.
                      *****

Les jours se couchent, les nuits se lèvent;
Preuve du dédain qu'éprouve la mère Nature
Pour ces dieux ineptes et ces sacrées Pourritures
Disparus dès lors au plus profond de nos verves.


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